Réalisateur phare de films d’horreur dans les années 1980-1990, William Lustig a souvent proposé des films utilisant des figures d’autorité corrompues et meurtrières. Dans Maniac Cop et Psychokiller, il s’agissait de tueurs en lien avec la police. Dans ce film de 1997, il va plus loin en reprenant le mythe de l’Uncle Sam.
L’Oncle Sam est une allégorie des États-Unis, qui remonte aux débuts du XIXième siècle. Le plus souvent représenté sous les traits d’un homme âgé à barbichette, assez fin, dans des habits aux couleurs du drapeau, il représente la figure politique du pays, plus que des valeurs. Il est très présent dans la culture populaire de ce pays, et le générique qui ouvre le film le rappelle bien avec de nombreux extraits vidéos provenant de différentes sources.
William Lustig reprend cette figure, mais en l’incarnant par le personnage de Sam Harper, soldat mort au Koweït. Son cadavre est ramené chez lui, ce qui exerce une étrange fascination de son neveu, Jody pour son « oncle Sam ». Visiblement peu satisfait de la tournure morale de l’environnement de sa famille, Sam revient à la vie pour trucider à la pelle les mécréants. Pour ça, il se déguise en Oncle Sam, ce qui lui permet de se fondre dans la masse du 4 Juillet, pendant la fête de l’indépendance américaine.
Sur ce scénario de Larry Cohen, un autre grand nom de la série B américaine, le film joue avec les ambiguïtés de ses personnages. Contrairement à d’autres films qui peinent à installer leur histoire avant que les affaires sérieuses et sanglantes ne commencent, Uncle Sam arrive à donner de l’intérêt à ses personnages. La figure du bon oncle Sam, héros de la guerre, mari, frère et modèle de son neveu, n’est pas si glorieuse. Mais dans la liste de ses victimes, tous méritent leur sort, dans sa tête déformée de moraliste à l’américaine.
Uncle Sam est une menace qui agit au grand jour, sous le masque de l’allégorie des États-Unis. Une grande partie de ses crimes se passe en journée. William Lustig ne filme que peu de mises à morts, c’est le spectateur qui découvre qui a été tué entre temps. Cela permet de créer un certain suspense sur la liste des tués. En contre partie, certaines des tueries réalisées sous nos yeux sont inspirées par une certaine vision déformée des symboles américains, dont un lever de drapeau remplacé par un corps.
Mais le film est surtout plus direct dans sa critique du système militaire américain. Il commence très fort, l’hélicoptère ou a péri Sam Harper a été descendu accidentellement par son propre camp, ce qu’un officiel reconnaît cyniquement comme normal en temps de guerre. Le film n’invente rien, l’opération Tempête du désert fut une catastrophe en termes de tirs alliés meurtriers. Il est d’ailleurs rappelé à quel point cette campagne militaire fut une erreur. D’autres modèles de soldats existent, entre l’officiel hypocrite ou le soldat infirme. La fascination pour la guerre de Jody est écartée par une très jolie scène à la fin du film.
Le film est parfois grotesque, notamment dans ses scènes de fin, ridicules, et il ne suscite guère d’effroi. Des problèmes récurrents chez William Lustig, qui préfère miser davantage sur une histoire un peu plus solide que ses concurrents. Ici, en jouant avec les symboles de l’Amérique et en livrant une œuvre très engagée contre le système militaire, cette curiosité arrive à capter l’attention. Mais il ne propose rien de plus.
A quand la même chose avec notre Marianne ?