Uncle Sam
3.7
Uncle Sam

Film DTV (direct-to-video) de William Lustig (1996)

"Faut pas avoir peur, c'est juste une erreur de tir."

Sur une tirade d’un cynisme acerbe, Uncle Sam s’ouvre de manière brutale dans un Koweït en cendres, avant de nous ramener sur le sol américain. Là, nous découvrons la famille de Sam Harper : bourreau domestique, victime d’un tir "accidentel", et désormais ressuscité sous les traits d’une incarnation impitoyable de la morale punitive américaine des années Clinton. Ce retour à la vie est catalysé par l’idéalisation candide d’un petit patriote nourri aux BD guerrières.


William Lustig, artisan du cinéma d’exploitation, s’est taillé une réputation avec, entre autres des œuvres cultes comme Maniac — sommet du psycho-killer movie — et Maniac Cop, curieux hybride entre Jason Voorhees et le Charles Bronson de Death Wish. Pourtant, avec Uncle Sam, il semble peiner à retrouver cette verve débridée. La scène d’ouverture est prometteuse : une image un peu terne certes mais un générique stylisé, une atmosphère lugubre. Isaac Hayes offre une classe de maître fascinante, mais dès le réveil du guerrier, tout s’effondre


Le principal défaut du film réside dans la mise en scène des meurtres. En l’absence de budget et d’idées véritablement novatrices, Lustig s’appuie sur des ellipses et des hors-champ. Si l’art du suggéré a ses maîtres, ici ces choix relèvent davantage de la contrainte que de la virtuosité. Le résultat laisse sur la faim. Les effets spéciaux, datés, peinent à insuffler une réelle intensité aux scènes de violence. Quant aux personnages, réduits à de simples caricatures, ils semblent destinés à n’être que des corps jetables dans une galerie de vices "anti-patriotiques". Lustig dresse une satire en demi-teinte : le comptable incarne la fraude fiscale, le shérif, le laxisme judiciaire, l’enseignant, la désertion militaire, tandis que les adolescents deviennent des avatars de la rébellion sociale et le politicien, de l’opportunisme électoral.


Le slasher, genre fondé sur l’inventivité macabre, a offert des œuvres fondatrices — de Friday the 13th à A Nightmare on Elm Street — qui rivalisent d’imagination dans leurs kill counts. En comparaison, ce film paraît terriblement daté. Le scénario, dont le pitch évoque les meilleures années Corben chez EC Comics, perd de son charme dans une écriture convenue. Les intrigues téléphonées et un dernier acte sans souffle achèvent d’enfoncer le clou, jusqu’à un final qui ne déçoit pas… tant le film, dans son ensemble, ne m'a jamais convaincu.


Un potentiel gâché, qui ne parvient ni à transcender ses contraintes, ni à embrasser pleinement son ambition satirique. Dommage.

tryon
3
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le 15 déc. 2024

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tryon

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