Chaos Frénétique
C'était pas mal du tout. Pas vraiment mon genre de film, disons que ce genre de personnages qui font que les mauvais choix, où leur vie est un véritable bordel à cause d'eux, de leur incapacité à...
Par
le 3 févr. 2020
63 j'aime
3
On commence à voir de plus en plus de réalisateurs influencés par Scorsese, et c'est sans doute logique tant il s'agit là de l'un des "auteurs" (au sens français de la "politique des...") les plus importants de notre époque, et le nouveau film des Frères Safdie, "Uncut Gems", réservé à la plateforme Netflix, confirme la pertinence de cette approche formelle appliquée à d'autres sujets que les contes mafieux moraux du grand Martin. Bien sûr, on nous rétorquera que l'apparition au générique du nom de Scorsese dans la liste des producteurs explique - au moins partiellement - cette similitude de styles, mais ce serait faire un affront au talent de Bennie et Josh Safdie déjà évident dans leur très beau "Good Time" que de les traiter de simples applicateurs d'une "forme" inventée depuis longtemps par un génie.
"Uncut Gems" est terriblement impressionnant de par le maelstrom de sensations qu'il crée, de son démarrage "hystérique" à son final douloureux pétrifiant. Mais la virtuosité de la mise en scène, les dérapages fous ou malaisants, la performance - remarquable - de Sandler qui réussit à injecter dans le film une humanité "paniquée" bluffante, ne sont jamais des éléments démonstratifs, ou gratuits, comme par exemple chez le premier grand "copiste scorsesien", Paul Thomas Anderson. Tout est ici au service d'un récit formidablement tendu qui, s'il lui manque la profondeur du contexte culturel que l'on trouve dans les meilleurs films de Scorsese (on remarquera quand même que les Safdie tentent dans la seconde partie du film - la meilleure - de développer la perspective "juive" pour l'enrichir sur ce point-là...), évite les pièges du thriller facile pour devenir une sorte de portrait abstrait d'un "homme pressé", qui se perd dans la fascination de son propre talent de "jongleur" et ne vit qu'à travers son addiction au risque.
Il faut reconnaître que la première moitié du film se révèle asphyxiante, voire épuisante, et peut décourager le spectateur par son flux incessant de paroles, d'informations, de stimuli. Il serait dommage de ne pas faire confiance aux Frères Safdie et de ne pas persévérer tant le film grandit au fur et à mesure qu'il avance. Et tant il devient extraordinaire même dans sa conclusion tétanisante, combinant plusieurs idées remarquables : le confinement dans le sas d'entrée de la bijouterie, le transfert du suspense vers l'écran de télévision et le match de basket, la cristallisation du rôle de la maîtresse, un personnage que l'on a eu tendance à négliger jusqu'alors...
Même s'il n'est pas totalement réussi, du fait d'excès - la promenade de la caméra dans un colon ou dans un trou dans une tête, difficilement justifiables quand même - et de quelques stéréotypes dispensables, "Uncut Gems" est une formidable proposition de Cinéma de la part de deux jeunes auteurs dont on peut désormais parier qu'ils iront très loin.
[Critique écrite en 2020]
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 22 mars 2020
Critique lue 1.7K fois
19 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Uncut Gems
C'était pas mal du tout. Pas vraiment mon genre de film, disons que ce genre de personnages qui font que les mauvais choix, où leur vie est un véritable bordel à cause d'eux, de leur incapacité à...
Par
le 3 févr. 2020
63 j'aime
3
Découverts avec le thriller urbain original et novateur “Good Times », avec cette atmosphère nocturne new-yorkaise si bien rendue et son impression d’urgence perpétuelle, les frères Safdie reviennent...
Par
le 22 janv. 2020
60 j'aime
4
Déjà avec « Good Time » je n’avais pas compris l’engouement généré autour des frères Saftie. Et avec cet « Uncut Gems » – que le grand maître Scorsese s’est décidé à produire, excusez du peu –...
le 9 févr. 2020
55 j'aime
10
Du même critique
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
Par
le 29 nov. 2019
205 j'aime
152
Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...
Par
le 15 janv. 2020
191 j'aime
115
Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...
Par
le 15 sept. 2020
190 j'aime
25