The best of mindfuck

Vous qui lancez ce film, perdez tout espoir.. Si vous voulez un scenario solide, une trame logique, un twist final explicatif, ne serait-ce qu'un peu de normalité, de réalisme, vous ne le trouverez pas dans ce métrage de fou-barjot. Ne vous fiez pas au synopsis, c'est un leurre ou simplement une tentative (nécessairement) ratée de présenter un film impossible à présenter.

Comment dire ? L'interprétation la plus large et bateau que je pourrais en faire c'est qu'il s'agit d'une énorme critique de notre société de consommation. On bouffe tous des tas de publicités, des livres, des films, des séries, des articles et encore des pubs et des pubs. Tout ça contribu à nous rendre heureux en apparence... mais est-ce que ça ne serait pas en train de nous laver le cerveau ?! Tout est message dissimulé, tout à un double sens caché. Y a de quoi devenir parano.

C'est un peu ce que retranscrit le bon gros foutoir qu'est ce film. Le fil rouge c'est Sam qui tombe amoureux d'une cruche et qui lorsqu'elle disparaît sans prévenir veut la retrouver. De toute façon il n'a que ça à faire, il est au chomdu. Mais à côté de ça, une toile énorme de pistes secondaires (que j'ai parfois tendance à classer dans les "fausses pistes") est tissé. Ce que je me demande c'est si c'est pour nous aider ou nous enfoncer davantage dans les abîmes de l'incompréhension. Je penche pour la deuxième option. Le réalisateur fait du spectateur une marionette, ou plus méchamment ici un idiot suiveur facilement manipulé. Parce que quand on regarde ça, on se sent happé par le suspens, on veut connaître le fin mot de l'histoire, l'intention du réalisateur, the point quoi ! Mais c'est pas faute de s'accrocher on pige quedal. Pourtant ! Toutes les scènes sont bien reliées entre elles, toutes les intrigues se justifient à un moment ou à un autre. Le film est une sorte de jeu de piste, un labyrinthe qui nous contraint à passer par tel ou tel chemin afin d'arriver au centre. Ouah.. la mise en abyme : on est une sorte de Sam nous aussi. On recolle les morceau, on suit la trame jusqu'à retrouver... retrouver quoi ? Un final bancal.

A côté de ça, il faut dire aussi que les acteurs sont terriblement bons. Andrew Garfield est un Sam parfait : défoncé, fatigué, perché.. ça lui va bien. Les autres sont tous plus ou mpins secondaires mais ils remplissent leur part du contrat sans problème, au risque de passer pour des tarés.
Ce qui m'a particulièrement plu, surtout dans la première demi heure, c'est les jeux de caméra, les plans bizaroides, le mouvement.. La caméra tantôt au ras du sol, en pleine course vers le protagoniste, tantôt en haut d'un réverbère, capturant fixement le trot d'un coyote. La prise de risque est assez mesurable, mais c'est maîtrisé alors ça valait le coup.

Enfin, le mixe entre drame, thriller, horreur, comédie et satire (voire pornographie.. ahah) est sensationnel. J'ai plus souris que pleuré c'est certain, mais le ton du film ne fait que passer d'un registre à un autre, exactement comme il passe d'un sujet à un autre, d'une piste à une autre, d'un écureuil mort à un putois en action.

C'est un tout changeant et déroutant qui fera sortir certains impatients de la salle avant la fin. Tant pis pour eux... Je pense vraiment qu'il faille le voir une seconde fois pour saisir de nouveaux angles, interpréter autrement certaines scènes. Mais personnellement je ne reverrai pas ce film de 2h20 avant un moment. C'était trop intense, trop long et trop WTF pour que je puisse le digérer une deuxième fois de si tôt.