Sam, 33 ans, me renvoie l’image d’un adolescent. Ce même adolescent qui, dans sa condition de rêveur, avait besoin de voir grand. Cet enfant trop vieux pour son esprit, qui faisait de ses références un univers. Comment pourrais-je alors, ne pas être sensible au poster de Kurt Cobain, surplombant le lit du trentenaire.
Car Sam, dans ses déambulations passionnées, me rappelle les miennes, au travers de la pop culture. L’amoureux de ses propres références ressent un besoin indomptable de voir davantage en elles que ce qu’elles offrent explicitement. Peut-être mon interprétation de l’oeuvre est-elle faussée par mon propre besoin de l’y voir.
Entre recherche de messages cachés et appropriations narcissiques, Sam crée son monde. Il est dans le déni constant de la réalité, au profit de cet onirisme. Mais trop souvent, cette réalité, pour laquelle il a un déni profond, le rattrape. Et lorsque Sam est menacé d’être expulsé de son appartement, faute d’avoir payé le loyer, il préfère se réfugier dans sa chasse aux trésors. Mais une fois encore, son univers sera ébranlé par le triste réel.
Cependant l’imaginaire de Sam est combatif. Aussi, lorsqu’un vieil inconnu se révèle le compositeur de Smell Like Teen Spirit, et autres Where is my mind, le garçon l’élimine à coups de guitare Mustang (celle de Kurt Cobain, bien évidemment). Car c’est bien sous le lac argenté que l’on trouve refuge.
Mais toutes ces références, cette pop culture n’ont que peu d’intérêt dans l’imaginaire d’un unique individu. Quoique joliment assemblées, elles donnent un paysage sublime, elles ne sont que le fruit d’un imaginaire. C’est pourquoi Sam, mais appelons-le Edouard où Gauthier, est en quête constante de celle qui les partagera. Car lorsque la disparue lui reviendra pour soutenir son univers, alors il prendra tout son sens.