I see clear now
Un film envoûtant et fascinant. Crimes, disparitions, art, rapports sociaux et sociétaux, sexe, ambiance 50s-60s, tous ces ingrédients nous donnent un cocktail des plus singuliers dans cette balade des gens chelous.
Sometimes I feel like my only friend, is the city I live in, the city of angels
Dans la baie des anges, magnifique royaume de la célébrité et de la richesse, un ado de 30 ans recherche sa place, convaincu que l’avenir lui réserve un dessein à la hauteur de ses fantasmes.
C’est alors que le geek-rebelle-voyeur-branleur fait, grâce à ses jumelles, la rencontre de LA femme, une pin-up qui pourrait sortir tout droit de ses rêves ou de ses magazines porno. Top départ d’une (en)quête obsessionnelle à la recherche de celle qui l’a enchanté aussi vite qu’elle s’est évaporée.
David Robert Mitchell réalise un thriller au ton psyché, renforcé par des couleurs vives, des plans splendides et de drôles de décors. Sa fable sombre et complotiste saupoudrée de référence à la culture pop est un réel échappatoire pour s’évader de cette cynique et déprimante vie. Sam est profondément meurtri par une difficile rupture avec son ex. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il conserve de la nourriture pour chien, pour laquelle il rencontre Sarah, et qui m’a laissé penser qu’il était le dog killer.
And the reason is gone
L’intrigue n’est finalement pas l’essence de cette pellicule barrée. La chasse au trésor s’achève brutalement, d'une manière farfelue, sans les réponses que nous attentions. A la frontière du fantastique, Under the Silver Lake est sublimé par Andrew Garfield en proie à des TOCs et à une forte paranoïa.
Par l'analyse des codes cachés, USL devient une invitation à revisiter la façon dont l’Homme perçoit l’approche de l’art dans toutes ses formes (sculpture, peinture, littérature, cinéma, musique, art de la scène [gestuelle de la sanguinaire femme-chouette], jeux vidéo), et plus globalement, la société et ses vices, la vie et son but : être aimé, être considéré (importante place des sans-abri), devenir riche et célèbre, puis informel et superficiel. La boucle de Sam est ainsi bouclée. Il finit avec la vieille et son perroquet qu’il observait depuis son balcon, sans domicile, dans la ville de LA.
Je comprends totalement que ce film soit l’objet de tant de divisions, pour ma part, je savais que j’allais apprécier cette œuvre. J’ai hâte de la revoir, cette fois en VO. Cela serait un passage obligé afin saisir tous les rouages de cette mystique enquête (visage d’Andrew Garfield entre deux palmiers sur l’affiche officielle), profiter de sa BO riche en diversité et narrativement synergique au récit ainsi que pour se délecter de cette œuvre qui mérite, à bien des égards, plus de notoriété.