Folie poétique pour cinéphiles

Mise en garde : Underground n'est pas un film facile. Il est long et difficilement compréhensible. Ce n'est donc pas vraiment un film tout public mais un vrai film d'auteur pour cinéphile agéri (capable d'aprécier un cinéma un peu moins digeste).

Pour ceux qui savent aprécier, la folie, la poésie, l'esthétisme, la musique, la thétralité de Kusturica poussés à l'extrême dans ce film, est un véritable délice. Undurground est un film fou et poétique, qui explose dans ses scènes comme dans sa musique qui s'accordent d'ailleurs à merveille. Undurground ce sont des scènes qui prennent à la gorge comme le Zoo qui se fait bombardé (la guerre qui touche jusqu'à l'innocence qui n'a rien fait, les animaux du zoo, c'est l'absudité), des scènes d'humour burlesque poétique totalement déjantée sur fond de musique endiablée (tatatata, la trompête qui emporte le spectateur), des scènes poétiques méthaforiques comme avec le repas de famille sur une île qui se détache, la mariée qui vole...etc. D'un point de vue esthétique dans sa poésie, sa folie, ses images, sa musique, son burlesque, Undurground est un pure chef d'oeuvre d'auteur.

C'est aussi un film qu'on a du mal à comprendre avec des personnages qui ne comprennent pas eux-mêmes (enfermés dans une cave croyant être encore à la seconde guerre mondiale). Mais est-ce que ce sont nous, les spectateurs, qui ne comprennons rien où est-ce cela qu'il y a à comprendre ? Et voilà, bien une version de l'histoire dérangeante pour ceux qui l'écrivent (les BHL, Finkelkraut...etc), celle d'un pays malmené par l'histoire et traversé par les conflits, qui dépassent le citoyen, qui n'y comprend pas grand chose et est utilisé par ceux qui veulent le pouvoir, et les combattants qui n'y comprennent pas toujours grand chose (avoir les armes à la main à l'appel d'autres, sans dans le fond de soi-même savoir pourquoi, pourquoi on en est arrivé là) et les profiteurs qui se mettent dans n'importe quel camps du moment que ça leur rapportent. La vie aussi, exhubérante, festive, à 100 à l'heure,qui explose même quand tout est en train d'exploser autour, typiquement yougoslave. C'est en tout cas, comme cela que je l'ai interprêté. Donc pour moi ce n'est pas qu'un chef d'oeuvre esthétique, c'est aussi une critique politique de la guerre, une autre vision des choses dérangeante pour qui veut toujours dépeindre l'histoire sur le plan des bons et des méchants, dépeignant une autre réalité vécue, celle d'évênements qui dépassent les citoyens jusqu'à une partie même des protagonistes, celle d'un pays multiethnique qui se disloque, avec les chefs ethniques poussant les uns contre les autres (il n'y avait pas de frontières géographiques nettes entre les différentes communeautés et beaucoup d'enclaves, les différentes communeautés ont fatalement été poussées à se battre les unes contre les autres pour le territoire, nottament en Bosnie avec les nationalistes qui biensur faisaient tourner la propagande à fond pour pousser chacun leurs communeauté à soutenir le combat contre l'autre), et la plupart des citoyens abassourdis qui assistent au désastre (la plupart des citoyens n'avaient rien contre les autres communeautés à la base, ne souhaitaient pas ces guerres et ces sissions, ne compreaient pas pourquoi). Un volet du film qu'on cherche très peu à comprendre sans doute pour éviter de tomber dans le politiquement dérangeant.