"Manbiki kazoku" ou "Une affaire de famille" dresse le portrait d'une petite famille pas comme les autres.En effet, bien que vivant sous le même toit, on découvre très vite que les habitants de la petite maison n'ont aucun lien de parenté. Ils se sont choisis et vivent ensemble.
Le réalisateur filme son sujet tel un documentaire. On a la sensation que c'est filmé presque en temps réel tellement certains moments semblent longs. Cette façon d'aborder les choses rend difficile de s'accrocher aux personnages ou de se sentir totalement impliqué, malgré des acteurs confirmés les incarnant. Je dirais que seulement le sort de la petite fille interpelle. Ce qui rend le final d'autant plus révoltant que sa famille adoptive ne trouve même pas le moyen de dénoncer les violences qui lui sont faites par ses vrais parents et que la petite est renvoyée chez elle.
La séparation de la famille est inévitable, on est triste mais leurs réactions ne sont pas à la mesure de ce qui nous paraissait être un vrai lien de famille. Ça arrive et on accepte de façon passive cet état de fait sans rien ressentir ou exprimer et de ce fait le spectateur ne ressent pas grand chose non plus. Peut-être est-ce culturel ? Je le dirais si je n'avais vu que les films du Festival de Cannes, tous ancrés dans la même dynamique contemplative et muette. Mais les japonais savent aussi exprimer leurs sentiments dans leurs productions cinématographiques, il s'agit donc bien d'un choix du réalisateur. En conséquence, et très malheureusement, je n'ai rien ressenti à la disparition de la grand-mère, pas grand chose à l'éclatement de la famille, et seulement de l’exaspération quant au sort de la petite fille pour les raisons citées précédemment. J'ai vraiment été déçue qu'une telle histoire ne m'emporte pas émotionnellement alors qu'elle avait tout pour tisser les fils d'une narration efficace et impliquer les spectateurs. Le rythme et le propos restent linéaires jusqu'à la fin et quand le rideau tombe, on se dit juste "mouais" et, en ce qui me concerne, "encore un film du festival de Cannes, quoi".
Je ne suis décidément pas le bon public pour les films primés au Festival de Cannes. Il y a comme une forme de snobisme qui se dégage des choix fait par le Festival qui crie au génie. Et les spectateurs suivent faisant confiance aveuglément au jugement du jury et des personnes présentes. Un peu à l'instar des œuvres d'art dont on ne comprend pas pourquoi elles méritent le nom d’œuvre et encore moins l'engouement qu'elles suscitent...
En résumé : "Une affaire de famille" propose quelques moments sympathiques mais aussi beaucoup de moments longs où l'on attend un changement de rythme. On ne sait pas où on nous emmène et on reste tristement extérieur aux aventures des personnages. Il me reste quand même le plaisir d'entendre la langue et de me promener visuellement au Japon.
Izumi
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