Après les colos, la famille, le handicap, les sans papiers, re la famille, re le handicap, Toledano et Nakache s'attaquent cette fois à un nouveau thème de société : l'écologie. Ou plutôt la surconsommation en fait. Ou bien les associations bobo-écolo-anticapitalistes pour caricaturer un peu. Il faut dire que la description des personnages et de leurs actions n'est pas forcément des plus subtiles et que tous les clichés les plus évidents sont convoqués.

Heureusement, le duo de réalisateurs sait s'entourer, que ce soit au niveau de la photographie, toujours bien plus soignée que dans la majorité des comédies françaises, ou dans le casting.

Le duo Pio Marmai - Jonathan Cohen est clairement le gros atout du film.

A moins d'être lassé de les voir dans à peu près 50% des films français depuis une dizaine d'années, il est évident que ces deux-là maitrisent le timing comique et savent parfaitement faire rire autant qu'émouvoir. Ils n'ont d'ailleurs plus grand chose à prouver à ce niveau. Et pourtant ils parviennent ici à surprendre, à se renouveler, dans des rôles d'accidentés de la vie qui nous rappellent, plus encore que la comédie italienne dont se réclament les Toledakache, les duos de losers des années 80 type Jugnot-Auteuil (Pour cent briques t'as plus rien) ou Blanc-Lanvin (Marche à l'ombre) voire même Smaïn-Légitimus (L'oeil au beurre noir), tous ces galériens, adeptes du système D, se révélant à la fois drôles et touchants.

Sauf que, comme d'habitude, les réalisateurs pêchent par excès de prétention et veulent à tout prix faire plus qu'une comédie. Il leur faut du drame, de la dénonce facile tout en étant dans un feel good movie. On dirait que même les gags sont écrits par un générateur ou une IA. Au final, on rit effectivement pas mal mais les situations ne sont pas originales, pas poussées au bout de leur potentiel et on reste relativement en surface de nombreux sujets et de certains personnages. Sans parler de l'habituelle musique "piano mélancolique" censée donner du style et de l'émotion, mais qui, personnellement, m'irrite et me parait totalement inappropriée à ce genre de cinéma.

En plus du sujet, c'est donc principalement le casting qui sauve le film, magnifiant des répliques qui, jouées par quelqu'un d'autre, seraient à peine drôles. Mathieu Amalric en est l'exemple le plus flagrant. Les scènes où il apparait seraient extrêmement clichées, voire lourdes, si elles n'étaient pas interprétées par un tel cador de la comédie, dont le phrasé et le regard en disent beaucoup plus que les dialogues eux-mêmes.

Pas grand chose à dire sur Noémie Merlant, assez mal servie par le scenario, ou sur Grégoire Leprince Ringuet, qui parvient toutefois à donner beaucoup de présence à un personnage particulièrement mal écrit, dont on ne comprend jamais s'il agit par conviction, par amour ou par besoin de se donner une importance... C'est d'ailleurs dommage qu'au final on ait encore des doutes sur l'intérêt des actions menées par cette petite bande, le côté caricatural du début laissant petit à petit la place à un portrait se voulant plus nuancé, mais hélas pas assez pour contrebalancer totalement et rendre ces personnages réellement attachants.

On sent que les Nakadano ont envie de dire des choses, de dénoncer un peu, d'être plus politiques qu'à leur habitude, mais ça reste quand même très convenu et assez inoffensif (cela dit, c'est peut-être une bonne façon de convaincre le grand public, je ne sais pas).

Mais tous ces petits défauts sont sauvés par le bon esprit et la positivité qui se dégagent de l'ensemble, par le message, par la sincérité apparente du film, sa faculté à capter l'air du temps et sa volonté de rassembler plutôt que diviser (ce qui aurait été facile mais très dommage avec de tels sujets).

A mon goût ce n'est donc pas la grande comédie populaire espérée et annoncée mais un film largement recommandable quand même. Et puis il est possible que je sois un peu... difficile.

Meuk-Meuk
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mon Top Ciné 2023

Créée

le 8 sept. 2023

Critique lue 12.7K fois

58 j'aime

1 commentaire

Meuk Meuk

Écrit par

Critique lue 12.7K fois

58
1

D'autres avis sur Une année difficile

Une année difficile
Meuk-Meuk
5

Une critique facile

Après les colos, la famille, le handicap, les sans papiers, re la famille, re le handicap, Toledano et Nakache s'attaquent cette fois à un nouveau thème de société : l'écologie. Ou plutôt la...

le 8 sept. 2023

58 j'aime

1

Une année difficile
Landrix45
4

Un film difficile

Nouveau sujet de société abordé par Nakache et Toledano : l'écologie. Si elle est présentée comme la thématique centrale du film, elle s'avère quelque peu noyée parmi d'autres sujets (surendettement,...

le 26 oct. 2023

30 j'aime

1

Une année difficile
sixmounts
1

Infamant

Révoltant sur la pauvreté du message lié au climat où les militant.es sont dépeint.es comme des rigolos à la petite semaine. Les femmes, toutes plus potiches les unes que les autres. Un film...

le 18 oct. 2023

23 j'aime

3

Du même critique

Lion
Meuk-Meuk
4

Une bonne histoire vraie ne suffit pas à faire un bon film

Le problème avec les films "basés sur une histoire vraie", c'est que, souvent, ils partent du principe que, puisque c'est vrai, c'est crédible. Sauf qu'un film doit nous faire adhérer à son histoire,...

le 24 févr. 2017

53 j'aime

4

La Famille Bélier
Meuk-Meuk
2

Mieux vaut entendre ça que d'être sourd

L'idée de base n'était pas mauvaise en soi : la fille entendante d'une famille de sourds se découvre un don pour le chant. Malheureusement, trop de choix ostensiblement commerciaux plombent le film...

le 15 déc. 2014

32 j'aime

7

Cash
Meuk-Meuk
6

La danse de Quenard

Je vais le dire cash : si le scenario, façon Ocean's eleven à Chartres, n'est pas trop mal ficelé, ce (télé)film ne brille clairement pas par sa mise en scène ou sa direction artistique. Même si...

le 7 juil. 2023

19 j'aime

1