Une arnaque presque parfaite par Sauvage
Avec une voix off comme on (je ?) les aime, le film annonce, plutôt alléchant, qu'il ne se contentera pas de s'ajouter à la pile des films du genre. Non, cette fois-ci, ce sera différent. Paroles, paroles, encore des mots, toujours des mots ? Bien que je ne sois pas spécialiste en « films-escrocs », il m'a effectivement semblé qu'il y avait ici quelque chose de différent, mais peut-être ne suis-je qu'une fille facile prompte à croire et à adopter comme propre tout ce qu'on veut bien lui faire entendre ? Je ne gage de rien !
« L'arnaque parfaite est celle où chacun obtient ce qu'il veut ». On comprend vite que cette petite phrase, assenée à deux reprises le long du film, en sera le credo.
C'est l'histoire de deux frères « délinquants » depuis leur prime jeunesse (on parlera de « vocation »), passée à écumer les familles d'accueil (38, il me semble), à chaque fois rejetés en raison de leur mauvaise conduite. Il faut dire que l'aîné, Stephen, a la fâcheuse tendance d'enrôler son petit frère (Bloom) dans ses mauvaises combines.
On se prend ainsi rapidement d'affection pour le pauvre petit Bloom (Adrien Brody, mieux connu par moi sous le nom du « Pianiste ») et sa pauvre petite tête de chien battu, qui n'en peut plus et qui suffoque de devoir assumer l'interprétation des existences fictives pondues par son frère.
En effet, Stephen, charismatique et convaincant, passe son temps à inventer des histoires, dans lesquelles Bloom doit sagement se contenter de suivre le script savamment élaboré.
Finalement, ce n'est pas tant des escroqueries et autres arnaques dont Bloom est rassasié, mais du fait que sa vie soit écrite et dictée par les talents narratifs de son frère. Il aspire à « une vie non écrite, improvisée ». Assez de la fiction !
Hélas, l'amour que Bloom porte à son frère l'empêche toujours de s'émanciper et le fait irrémédiablement revenir vers lui. L'amour, ou bien la dépendance morale ? Que devient l'ours sans son dresseur, la marionnette sans son montreur ? Alors, c'est comme avec la cigarette, on se dit : « une dernière, et j'arrête ! ». Plutôt que de jeter l'éponge, Bloom accepte ainsi de participer à une ultime arnaque, finalement peut-être la plus importante de sa vie.
Elle nous portera donc durant tout le film, de Berlin au Monténégro, du New Jersey à la Grèce en passant par Prague ou encore le Mexique ! A bord : une japonaise un peu frappée, silencieuse mais non moins truculente, une petite intervention notable de Robbie Coltrane, mieux connu sous le nom d'Hagrid (le géant d'Harry Potter) mais cette fois-ci sans la barbe et de nationalité belge, et enfin, la proie de la dernière arnaque, une jeune et belle nantie dont on en veut à sa fortune. Particulièrement attachante, elle a vécu toute sa vie recluse à pratiquer en solitaire toutes les activités qu'elle observait autour d'elle, ce qui en fait un personnage totalement loufoque et marginal.
« L'arnaque parfaite est celle où chacun obtient ce qu'il veut ». Alors, le pari est-il réussi ? A chacun d'y apporter sa propre interprétation. De mon côté, je trouve le tout très bien ficelé et si, comme je le perçois, le fait que la devise du film soit (ou non) atteinte en est le fil conducteur et le gage de réussite, alors, le film remplit à merveille son propre contrat.
Pour terminer, j'ai apprécié la bande originale !