Osaka blues
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le 3 mai 2019
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Une très bonne chronique sociale comme je les affectionne avec des personnages attachants et fouillés, des petites touches d'humour bien placées, une réalisation sobre mais toujours précise, un scénario faussement nonchalant qui approfondi avec finesse son discours social pour une peinture assez pessimiste de l'époque.
Gosho tourne ce film dans la foulée des Quatre cheminées dont il reprend certaines idées comme la nécessité de s'adapter à la réalité économique du pays en élargissant l'hôtellerie aux chambres de passes. C'est un peu moins marquant puisqu'il lui manque certaines idées visuelles plus néo-réalistes mais on passe un excellent moment dans cette auberge à Osaka.
Certes quelques passages sont un peu moins inspirés et on aurait pu couper 10-15 minutes sur l'ensemble du récit ; pour autant on s'y ennuie jamais malgré un scénario assez peu narratif. C'est avant tout l'étude de caractère qui prime et, sur cet aspect, c'est subtil, sans pathos ni misérabilisme pour des personnages justes qui n'ont ni solutions ni réponses à leurs problèmes comme Takashi Mita écœuré par la prédominance de l'argent dans la société mais qui n'a pas d'autres idées que d'aider financièrement ceux qu'ils croisent. Il y a sentiment d'impuissance dans ce film qui évite cependant le fatalisme trop dépressif.
Le portrait que Gosho dresse n'est pourtant pas très reluisant mais son refus de juger ses protagonistes donne des séquences vivantes pour des comportements crédibles, loin des formules tout faîtes. Les femmes qui gravitent autour de Takashi Mita sont très bien construites, entre humanisme, solidarité et une certaine résignation dû à leur rang dans la société.
Il y a de très jolis moments, toujours dans la retenue et cherchant à éviter le mélodrame lacrymo, tel la tentative de vol (et la découverte d'argent subtilisé), Mita venant sermonner une ancienne employée qui pensait se suicider, une amie de Mita qui révèle son véritable caractère, une mère vivant loin de son enfant qui aimerait bien obtenir un congé pour le rejoindre et une jeune femme déjà usée par la vie qui doit faire face à la maladie de son père et des problèmes financiers, ce qui la contraint à la prostitution. L'absence de cette dernière dans la dernière séquence donne tout son poids à un moment qui aurait pu paraître trop naïf vu le contexte. Avec cette place vide qui plane comme menace, Gosho indique adroitement qu'il ne croit qu'à moitié à la bonne volonté de son héros et qu'il risque très vite de devoir lui aussi s'adapter et faire des compromis.
Aussi intelligent que discret
Créée
le 26 févr. 2022
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