"L'enfance est le meilleur moment de la vie."
Autant j'avoue qu'Ozu peut m'ennuyer (légèrement, hein, ne soyons pas cuistres), autant je trouve que ses meilleurs films font partie de ce que le cinéma a produit de plus beau.
Et c'est assez simple de s'y retrouver, puisque ceux qui ont tendance à m'ennuyer ont souvent un nom de saison dans leur titre, tandis que ceux que j'adore ont tous Tokyo dans le leur.
"Une auberge à Tokyo", dernier long métrage muet du maître, n'aura pas dérogé à cette habitude. Cette histoire, qui nous fait suivre les vagabondages d'un père sans emploi et de ses deux fils, est d'une simplicité et (par conséquent ?) d'une beauté rarement égalées, avec une mise en scène, d'un Ozu alors sans le sou, particulièrement remarquable, et un accompagnement musical au poil.
Sombre par son propos, néoréaliste avant l'heure, le film fait aussi se creuser les fossettes, servi par un casting talentueux (mention spéciale aux enfants, qui non seulement sont supportables, mais bons par-dessus le marché !) et une écriture savoureuse.
Film sur la misère et déclaration d'amour à l'enfance, "Une auberge à Tokyo" compte nombre de scènes merveilleuses, dont une, celle du repas imaginaire, qui m'a touché comme peu de scènes de cinéma vous touchent, une scène comme peu de réalisateurs sont capables d'en faire, et dont Ozu a le secret.