Une balle dans mon coeur

A sa sortie, partout autour du globe le film "Une balle dans la tête" s'est vu déferler des vagues de critiques négatives dû à la politisation du propos, le côté niais, parfois burlesque, gentillet et violent que propose l'oeuvre; il se verra en partie rentabilisé pour son allusion au massacre de la place Tian'anmen.
Mais il est cependant aujourd'hui considéré comme le film le plus violent et le plus personnel de John Woo, et est inéluctablement un grand film, pilier du cinéma Hong-Kongais.

Alors, qu'en est-il pour moi ?
Eh bien sans suspense, c'est un chef d'oeuvre.

Je ressens à travers ce film ce qui m'a fait aimer le cinéma.
Je vois un réalisateur, fidèle à lui même, criant de vouloir s'éclater derrière la caméra, amusé d'offrir des scènes d'actions toutes plus folles les unes que les autres, ému lui même à l'idée de faire pleurer le spectateur entre deux scènes où seules les balles pleuvent, partageant une sympathie inébranlable envers son équipe et son pays, et humblement peindre un tableau triste et réaliste, mais aussi d'espoirs, d'un chapitre de notre histoire, et de sa vie.

Au coeur de tout cela, nous avons un trio d'acteurs formidables dont Tony Leung qui continuera à tourner avec John Woo dans de nombreuses productions et à raison.
Cet homme n'est pas un acteur ni un personnage, il transperce littéralement l'écran, il porte et accompagne toute une histoire sur ses épaules et ainsi sa joie, sa tristesse, sa haine, ses doutes, son émotion, sont également les nôtres.
Malgré tout il ne fait pas de l'ombre aux autres, au contraire, chacun des personnages a droit à son développement personnel, et à son développement relationnel vis à vis des autres personnages, et c'est la raison pour laquelle le film est beau, à la fois personnel mais également amoureux du partage.

Ce que vous trouvez "niais", à savoir quelques dialogues bébêtes, quelques scènes absurdes comme une course de vélo type enfant de 8ans, des pertes et retrouvailles célébrés par des plans larges, est au contraire pour moi tout ce qu'il faut avoir pour mieux plonger le spectateur dans l'enfer à venir, et l'en faire ressortir avec à la fois une larme sous l'oeil gauche, et un léger sourire sur le coin droit de la lèvre.
Et que dire de la musique principale, redondante pour certains alors qu'elle est tout ce qu'il y a de plus malléable, elle propose une même symphonie tout en s'adaptant à la scène qu'elle recouvre, que ce soit dans le bonheur ou le malheur.

En cours de rédaction, j'ai l'impression d'avoir exposé tout le champ lexical des différentes émotions de l'homme, et en y pensant, ce n'est pas pour extrapoler ou exagérer le propos, c'est juste sincère et cohérent.
C'est un magnifique film qui raisonne en moi et m'a fait découvrir plein de choses, que ce soit dans le cinéma, sur mon rapport à celui-ci, et au-delà de ça, sur mes émotions que je ressens en tant qu'être humain.
Je ne remercierai jamais assez mon père adepte de cinéma asiatique, de m'avoir montré ce film lorsque j'étais assez jeune pour être émerveillé devant la découverte, et pas assez vieux pour venir ici le partager avec vous; car c'était un plaisir de garder cela au chaud avec moi et mon paternel, et c'est aujourd'hui un plus grand plaisir si je peux permettre à certains de découvrir cela.

Je n'ai pas parlé du film en l'espèce, je ne voulais pas spoil, juste regardez le si ce n'est pas déjà fait, et venez me dire ce que vous en avez pensé peu-importe si vous avez été touché d'une balle dans le coeur comme moi ou non.
Ce sera toujours avec plaisir de partager sur ce film car c'est un putain de chef d'oeuvre dont je ne trouve plus les mots pour vous le recommander, alors je m'arrête ici, c'est du 10/10.

"Frank ... On rentrera ensemble à Hong-Kong, ou alors personne ne rentrera."