Leung fait des vagues, Woo tangue mais reste à flot.

Quelle n'a pas été ma surprise hier soir, quand, sur les conseils avisés de Drélium, j'ai enfin visionné ce "Bullet in the Head". Alors oui, certains détails ne trompent pas. Le réalisateur a toujours eu des tics, et ceux-ci sont encore bien présents ici. Avis aux détracteurs du gunfight, du ralenti et de la colombe. "Rrrroucoule ! Rrrroucoule !", vous crierait mon ami portugais ! Vous pouvez donc passer votre chemin. Pour les autres, avancez et regardez !
Car ce qui aurait pu m'agacer voire me braquer chez d'autres réalisateurs, passe ici très bien. Sans doute la sincérité et l'authenticité de John Woo ("John qui ?" Ah ah, je suis sûr que personne n'y avait pensé à celle-là !).

Le jeu des acteurs est assez appuyé, on frôle souvent la caricature, si ce n'est Tony Leung, qui est sur une autre planète. D'une justesse à toute épreuve, le sieur n'est pas juste là pour son paycheck et se pose en véritable killer. Cet acteur, à l'instar d'un Chow Yun-Fat, a vraiment une classe à part ! Simon Yam s'en sort bien lui aussi, et Jacky Cheung a ses moments touchants.

Mais là où j'ai réellement été surpris, c'est sur le propos du film.
En effet, en 1967, trois amis d'enfance vont vivre une escalade de violence. De petites rixes, ils vont finir par provoquer/subir un incident qui les poussera à quitter Hong Kong pour le Viêtnam, qui se trouve alors en pleine guerre. Une amitié peut-elle survivre à ça ? Telle est la question. Le tout est traité très sérieusement par Woo. Images choc (une scène notamment, particulièrement insoutenable), montage nerveux, la tension monte alors que l'on découvre la vraie nature de l'homme, et les limites que chacun accorde à la loyauté et l'amitié. Et un final explosif, et renversant.

Je n'imaginais pas John Woo capable d'une telle finesse, au delà de la violence omniprésente. Elle est là ma véritable surprise. Touché.