Plongée en enfer

On retrouve avec Une Balle dans la Tête toute les caractéristiques du cinéma de John Woo sauf qu'ici tout est décuplé. Après Les larmes d'un héros qui était franchement tellement caricatural qu'il en devenait pathétique, Woo trouve ici le ton juste pour expliquer la descente aux enfers de trois amis dans le Vietnam en guerre.

Woo, c'est le cinéma de l'excès et de la violence. Bien sûr, comme mentionné plus haut il frôle en permanence la caricature. Pour le coup, notre homme explore une fois encore les liens d'amitié au sein d'une petite bande de trois amis, criminels notoires pas bien méchants jusqu'au jour où tout finit par s'emballer. L'homicide involontaire d'un membre important d'une mafia oblige les trois hommes à quitter Hong-Kong et à s'exiler au Vietnam.

Si la violence était jusque là toute relative, elle explose littéralement au visage des trois comparses. Après des manifestations à Hong-Kong qui laissent présager le pire, les amis vont alors connaître un enfer. Le Vietnam est en guerre et l'amitié des trois hommes va être mise à rude épreuve dans ce monde où la pitié et la faiblesse n'ont pas leur place.

En effet, face à leur volonté de richesse, les hommes vont mettre en jeu leur amitié. A quel prix une amitié peut-elle résister ? L'appât du gain aura-t-elle raison de celle-ci ? En plus de cela, on revient à la violence du Vietnam: les réfugiés qui fuient les combats entre Américains et Vietcongs, les exécutions sommaires (Woo s'inspire d'ailleurs pour cette séquence de la fameuse scène du policier abattant un opposant en pleine rue), les camps d'enfermement vietcongs, etc. Rien n'est épargné aux trois hommes.

Le spectateur suit ce spectacle, car c'en est un, avec passion et force, constatant à quel point le cinéma de Woo peut être nerveux et maîtrisé, à la fois violent, lyrique et presque caricatural. Certainement le meilleur film du cinéaste.