On la tient, notre bluette parfaite !... Tout y est si affreusement prévisible que cela en devient comme un jeu auquel on gagnerait toujours, avec le sentiment amer et paradoxal que l’on aimerait perdre, parfois...
Une rivalité, hostilité entre deux co-scénaristes (Gemma Arterton et Sam Claflin) va se muer peu à peu en complicité puis... amour ! Voilà toute la trame de cette romance typiquement britannique, aux accents discrètement féministes.
Cette neuvième réalisation de la réalisatrice danoise Lone Scherfig a toutefois le mérite de souligner l’importance de la propagande dans les réalisations cinématographiques du début des années 1940, réquisitionnées à leur manière pour accompagner l’effort de guerre, soutenir le moral des troupes et entretenir ou susciter l’implication des alliés. Et le petit film fictif auquel cet effort donne lieu n’est pas exempt d’un certain charme totalement décalé et au énième degré, tout comme les quelques scènes de tournage, aux trucages tellement rudimentaires et bricolés qu’ils en sont touchants. Malgré l’appel à l’aide que ce pseudo-film d’époque entend lancer à l’armée américaine, un antiaméricanisme bon-enfant s’y exprime avec un certain esprit, lorsqu’un acteur américain (Jake Lacy), recruté pour la bonne cause, déploie toute l’inanité d’un talent purement mécanique et stéréotypé, pour la plus grande et secrète joie de ses frères linguistiques aristocratiquement îliens.
Gemma sourit beaucoup, minaude tant qu’elle peut, fait courir les petites mains de son personnage sur sa machine à écrire pour rendre manifeste son génie... Sam parvient assez joliment à faire évoluer son personnage de l’antipathique absolu au charmant craquant. Mention particulière à Bill Nighy, qui livre une composition assez drôle, en acteur imbu de lui-même et de son art. Un premier contact avec la réalisatrice, à l’occasion de ce film, ne saurait être rangé au nombre des quelques « belles rencontres » qui peuvent enchanter une vie.