Hollywood bavard
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Un western de Walsh dans la lignée des Aventures du capitaine Wyatt (1951), dans la noirceur de l'ambiance et dans l'épure de la ligne dramatique: une escorte de prisonnier du début à la fin du film, sans pause, où toute inattention est propice à un coup bas, dans un groupe de personnages réduit, dont les intérêts évoluent au fil d'une l'histoire qui maîtrise autant le suspense quant aux trahisons (dans le jardin, dans la maison, lors du baiser, pendant la nuit, par l'adjoint ou lorsque tout le monde semble se lier contre le héros vidé de toute énergie par le manque de sommeil et engloutit par la nuit du désert) que celui des duels qui parsèment le film (véritables déambulations dans un espace immense ou confiné qui recèle bon nombre de cachettes - de ce point de vue la scène des rochers aux plans contenant les deux cowboy par la profondeur de champ et la confrontation finale chaotique, avec le cheval bondissant dans l'étable, sont exemplaires).
De plus, le film est fourni du point de vue thématique, puisqu'il oppose le pilier moral de respect de l'institution judiciaire (incarné par Kirk Douglas qui dégage une énergie violente et une rage camouflée dans son apparence de shérif: il est droit mais il est aussi capable d'étrangler quant il est poussé à bout par une chanson du passé et de gifler quand il se sent trahi) au désir particulier de sauver un proche (incarné par Virginia Mayo qui joue son rôle plus subtilement que dans La fille du désert (1949)), même si chez le protagoniste les deux se mêlent. Pour aborder cela il choisit une écriture qui peut tendre vers l'épique, l'écriture de personnage icône de l'action mettant en avant l'éloquence avant le naturel comme lorsque la nuit, père et fille expliquent au shérif qu'ils vont tout faire pour s'échapper quitte à le frapper dans le dos ou lorsque les 4 antagonistes le fixe et attendent qu'il tombe d'épuisement pour fuir, donnant une grande puissance dramatique à ses séquences.
Pour coller à son atmosphère plus âpre, le film choisit une photographie belle, culminant dans le désert en contre jour mais qui garde une certaine vraisemblance en bannissant presque entièrement le décors de studio au profit d'une nature aride. Le réalisateur renonçant dans le même temps à ses incursions purement comique ou ses effets de transitions signatures (micros fondus enchaînés d'une seconde et surimpressions) signent de l'agréable et du pur plaisir/divertissement visuel pour atteindre un nouveau type de récit, plus brut, où les personnages sont moins des humains que des figures qui réagissent face à un questionnement moral fondamental (pour le propriétaire du ranch: céder ou non au lynchage ? Pour le père et la fille: fuir quitte à causer la mort du shérif ou accepter d'affronter la justice possiblement corrompu ? Pour le mauvais adjoint: respecter le Shérif quitte à périr ou se rebeller pour survivre et pour un profit personnel ? Pour le héros: obéir à la justice mais jusqu'à quel point ? au point de faire condamner un potentiel innocent ? Plus communément doit-on aller vers le bien en opérant un sacrifice ou céder au mal ?) pour faire émerger une mentalité humaine plus sale que dans la plupart des autres productions du cinéaste.
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le 28 oct. 2023
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