Philippe Claudel sincère dans ses intentions se perd vite dans l'excès de ses personnages. Pour un simple souci de crédibilité il doit rester mesuré, pourtant, quand le film montre la mère et le beau-père du gamin "victimes" de tous les clichés de la famille irresponsable, le spectateur se perd...
C'est dans ses moments les plus réalistes et ceux du point de vue de Jimmy que le film interpelle et intéresse seulement. Autant par son enfance gâchée par une vie qui ne lui laisse pas d'autres choix que de grandir et par sa force et son courage que par le jeu convaincant et concerné d'Alexi Mathieu qui incarne cet enfant, le film passionne et émeut.
Le grand malheur de certaines productions d'auteur françaises (et plus), c'est cette difficulté à utiliser la liberté de ton pour faire quelque chose de plus audacieux et original. Une lourde impression de déjà-vu, d'un film à l'autre on retrouve les mêmes plans, les mêmes personnages, le même ton, les mêmes conclusions, ... le genre s'embourbe dans ses limites. En restant prisonnier de ces éternelles ficelles, cette branche du cinéma d'auteur aura bien du mal à évoluer. Il est tout à fait possible de réaliser un drame social et de faire passer des messages forts sans pour autant tendre la corde au spectateur. La légèreté, si bien utilisée, n'est pas un élément casseur de drame. Le cinéma raconte, le cinéma dénonce, mais le cinéma diverti aussi.
Pour revenir au cas exclusif d'Une enfance, le film passionne à bien des niveaux, mais la proposition de cinéma ne surprend pas. Philippe Claudel brigue cependant l'intérêt de son oeuvre en limitant trop sa narration pour pouvoir explorer d'autres environs autant techniques qu'artistiques.