J'avais aimé le virage "comédie populaire" de Jean-Pierre Améris avec les Emotifs Anonymes (déjà avec un Benoit Poelvoorde downtempo excellent) et j'étais donc intéressé a priori par son nouveau film dans le même genre. Au côté luxe vintage un peu figé succède aujourd'hui une facette plus populaire et bonne franquette. En deux mots, Poelvoorde joue un riche industriel qui s'ennuie et déprime depuis qu'il a revendu le logiciel qui a fait sa fortune. Il souhaite fonder une famille mais ne sait comment s'y prendre. Il voit par hasard à la télévision une jeune femme (Efira, comme toujours parfaite et qui a décidément bien réussi sa reconversion) jugée pour avoir volé un poulet dans un supermarché afin de nourrir ses gosses et agressé le vigile qui l'a arrêté. Emu par cette femme, l'ex-industriel lui propose un marché : en échange de l'absorption de toutes ses dettes et d'un salaire honorable, il va intégrer cette cellule (une femme seule et deux enfants de deux pères différents) afin de tester ce qu'est la vie de famille pour espérer enfin en fonder une. La jeune femme accepte mais à une condition : qu'il vienne vivre chez elle, dans leur modeste et bordélique petite maison de banlieue, plutôt que dans la demeure somptueuse et design qu'il occupe. Évidemment de là découlent de multiples et parfois attendues péripéties. Mais pourtant le film, sans jamais être génial, est plutôt agréable à suivre. Déjà parce que toutes les scènes fonctionnent ou presque. Elles sont justes, parfois un peu poussée vers le grotesque, mais c'est le registre de la comédie qui veut ça. Tout le film repose sur l'opposition entre les deux comédiens, et comme ils sont parfaits, et qu'ils fonctionnent bien ensemble, ça marche. En et plus Améris a l'intelligence de ne pas faire d'opposition riche/pauvre, de ne pas propulser dans la seconde partie du film la famille de la jeune femme dans l'univers bourgeois du type, et ça évite donc le côté beauf populo qu'on voit dans une grande partie de la comédie française, type les Tuche ou autre Camping... Il manque néanmoins quelque chose à Une Famille à louer pour être un bon film, un vrai sujet peut-être, une réflexion de fond plus poussée, mais c'est au moins un divertissement tout à fait correct, ce qui n'est déjà pas si mal.