Vivre sa vie
Famille nombreuse, famille heureuse, chantaient les Négresses Vertes à l’aube des années 90. Ce n’est pas vraiment ce que ressent Manana, cette femme quinquagénaire, qui aimerait mieux passer son...
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le 26 juin 2017
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Famille nombreuse, famille heureuse, chantaient les Négresses Vertes à l’aube des années 90.
Ce n’est pas vraiment ce que ressent Manana, cette femme quinquagénaire, qui aimerait mieux passer son anniversaire seule au calme, plutôt que parmi ses parents, son mari, ses enfants , son gendre, avec qui elle vit au quotidien dans un appartement exigu de Tbilissi en Géorgie, plus ses oncles, tantes, amis et voisins, invités sans son consentement à venir festoyer jusqu’à tard dans la nuit, comme il est coutume de le faire en une telle occasion.
Manana rêve de laisser toute la smala pour partir vivre seule, ailleurs. Et c’est ce qu’elle fait. Elle quitte sa famille pour partir louer un deux pièces en ville, où elle pourra enfin respirer.
Sa famille n’en revient pas. Quelle mouche l’a piquée, elle qui vivait depuis 25 ans avec un mari qui ne la bat pas, ne boit pas trop et est plutôt gentil avec elle ? Elle qui vivait parmi les siens, veut couper le cordon et vivre de ses propres ailes, à 52 ans. Quelqu’un a-t-il mal agi avec elle ? Lui a-t-on fait du mal ? Cette famille n’est-elle pas respectable et source de bonheur ? Que vont penser les voisins ?
Non, c’est juste que comme le chantait Bashung, un jour il " faut savoir dire stop" et arrêter de vivre comme tout le monde, sans y penser, en oubliant de faire ce qu’on a envie de faire. Manana a besoin d’un peu d’intimité, pour se retrouver elle-même et oser enfin être elle-même.
Une famille heureuse est un très beau film qui nous permet de découvrir la Georgie post soviétique et notamment sa capitale Tbilissi, qui ressemble à une ville Méditerranéenne (alors qu’elle se situe dans le Caucase, non loin de la Mer Noire). On y apprend que les autochtones aiment bien boire un coup en société et pousser (de fort belle manière) la chansonnette. Depuis la fin de l’ère soviétique, le collectivisme n’est plus de mise, mais la famille semble être le socle de la vie sociale et les citadins ont gardé cette habitude de vivre ensemble, sur plusieurs générations, dans de petits appartements. C’est très convivial, chaleureux et haut en couleurs, mais quand on a besoin de solitude, ce n’est pas idéal.
La caméra de Nana Ekvtimishvili et Simon Gross nous permet une immersion dans cette famille georgienne, et il faut vraiment louer le jeu des acteurs, qui sont confondants de vérité.
Elle nous permet surtout de rencontrer un très beau personnage de femme forte (et une très belle actrice, Ia Shugliashvili), capable de faire un pas de coté pour prendre son destin en main, sans se soucier du quand dira-t-on. Le jeu tout en retenue de l’actrice principale n’est pas pour rien dans l’empathie que l’on ressent pour cette femme, qui a besoin d'une bouffée d'air frais et veut prendre le temps de vivre sa vie.
Un mot sur la fin (sans spoiler) qui peut paraître abrupte, mais qui ouvre peut être enfin sur un dialogue fructueux entre le mari et sa femme. "Et toi quelle est ta vie ? Qui es-tu ?" lui demande-t-elle.
C’est peut être parce qu’on a trop tendance à éluder ce genre de questions, que nos existences perdent parfois leur sens...
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le 26 juin 2017
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