Ils signent désormais de leurs prénoms Nana et Simon. C'est plus simple, il est vrai, que d'utiliser leurs patronymes : Ekvtimishvili et Gross mais c'est bien le même duo germano-géorgien (ou l'inverse plutôt), qui est également l'auteur d'un joli premier film : Eka et Natia. Les voici de retour avec Une famille heureuse, titre fort ironique, qui dresse le portrait d'une femme prénommée Manana, qui, le jour de son 52ème anniversaire, décide de prendre du recul en quittant sa smala familiale (3 générations) pour un appartement à elle seule. Il n'est pas nécessaire de connaître ses motivations, le film les expose de façon subtile et douce, tout au long d'une intrigue qui alterne moments de disputes dans le cocon familial (car elle y retourne souvent) et d'émancipation sereine. Une famille heureuse fait immédiatement penser aux films roumains, de Puiu et Mungiu, avec le tempérament géorgien en plus, illustré notamment par le goût pour la cuisine et le vin ainsi que pour les chansons traditionnelles qui donnent lieu à plusieurs scènes musicales magnifiques. Le film renvoie aussi à un autre long-métrage géorgien, inédit celui-ci, Ligne de crédit de Salome Alexi, chronique d'une femme seule élevant son enfant. C'est évidemment à chaque fois une évocation féministe d'une société passée sans transition du socialisme au capitalisme mais dans laquelle la condition féminine reste soumise à d'ancestrales traditions patriarcales. Manana est la femme qui part et qui assume sa décision et les dommages collatéraux, et on apprécie beaucoup la manière fluide et limpide dont usent les cinéastes pour raconter cette libération tranquille.

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le 11 mai 2017

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