Philippe Van Leeuw suit une famille enfermée dans son appartement pendant la guerre de Syrie jouant de quelques plans séquences judicieux pour une fluidité oppressante et d’une belle photo. Le cinéaste choisit une fiction sans détail historique et géographique, nous plaçant dès le départ dans un genre documentaire, caméra à l’épaule, plans serrés sur des visages angoissés.


Il ne s’agit pas d’expliquer le conflit mais l’impact de l’isolement ponctués de tirs isolés et de bombardements mettant cette guerre en hors champs pour en accentuer la violence. L’abstraction du conflit permet au cinéaste de traiter d’un thème universel pour toutes ces victimes collatérales. Ici pas de batailles, seul un environnement proche fait de barricades, d’une cour à proximité seront montrés se focalisant sur l’appartement, les rideaux, les sorties dans le couloir et la porte barricadée.


Le huis clos permet de rester au plus près des angoisses de cette famille syrienne qui recueillera une femme et son nouveau né, gardera leur aide à domicile et tenteront de survivre aux pénuries tout en conservant les liens familiaux, et les rituels comme autant de gestes libérateurs et la solidarité face au malheur.


Une des premières scènes place directement les personnages dans le non dit à l’image de Hiam Abbass qui occulte la guerre comme un mauvais moment à passer, ne faisant qu’espérer, écoutant la radio quand cela est possible ou tentant de téléphoner à leurs hommes restés au combat, elle gardera au secret que le mari de sa voisine a reçu une balle.
Son rôle de femme forte qui gère la situation finira pas se fissurer et elle se retrouvera dépassée par une situation où la faiblesse l'emportera. Juliette Navis, permet quant à elle d’être la métaphore d’un peuple oppressé, subissant ses tâches et devant se taire devant la force parfois dictatrice de Hiam Abbass.


Toute cette ambiance lourde disparaît dès que le cinéaste évoque ensuite l’intrusion par la visualisation d’agresseurs. Comme pour son premier film Le jour où Dieu est parti en voyage et de la même manière qu’il filmait une femme isolée au détriment du conflit lui-même, il semble faire le même travail en seconde partie où l’intrigue se concentrera sur une femme (Diamand Bou Abboud ) et à ce moment-là, malgré la violence qui en ressort reste un voyeurisme malsain et poussif qui par sa seule concrétisation vient buter sur l'aspect anxiogène du départ et en aurait fait une belle réussite.

limma
6
Écrit par

Créée

le 31 janv. 2018

Critique lue 624 fois

13 j'aime

limma

Écrit par

Critique lue 624 fois

13

D'autres avis sur Une famille syrienne

Une famille syrienne
limma
6

Critique de Une famille syrienne par limma

Philippe Van Leeuw suit une famille enfermée dans son appartement pendant la guerre de Syrie jouant de quelques plans séquences judicieux pour une fluidité oppressante et d’une belle photo. Le...

le 31 janv. 2018

13 j'aime

Une famille syrienne
seb2046
7

Éclats de guerre...

UNE FAMILLE SYRIENNE (15,4) ( Philippe Van Leeuw, BEL/FRA, 2017, 86min) : Tragique huis-clos au cœur du conflit syrien narrant le destin de nombreuses familles confinées au sein de leur appartement...

le 6 sept. 2017

6 j'aime

1

Une famille syrienne
pierreAfeu
7

Sobre et puissant

La guerre, monstre invisible placé hors champ, pèse sur le quotidien des habitants calfeutrés dans le grand appartement : explosions et tirs isolés rythment le quotidien de la famille dont le...

le 5 sept. 2017

6 j'aime

Du même critique

Apocalypto
limma
10

Critique de Apocalypto par limma

Un grand film d'aventure plutôt qu'une étude de la civilisation Maya, Apocalypto traite de l’apocalypse, la fin du monde, celui des Mayas, en l'occurrence. Mel Gibson maîtrise sa mise en scène, le...

le 14 nov. 2016

76 j'aime

21

Captain Fantastic
limma
8

Critique de Captain Fantastic par limma

On se questionne tous sur la meilleure façon de vivre en prenant conscience des travers de la société. et de ce qu'elle a de fallacieux par une normalisation des comportements. C'est sur ce thème que...

le 17 oct. 2016

60 j'aime

10

The Green Knight
limma
8

Critique de The Green Knight par limma

The Green Knight c'est déjà pour Dev Patel l'occasion de prouver son talent pour un rôle tout en nuance à nous faire ressentir ses états d'âmes et ses doutes quant à sa destinée, ne sachant pas très...

le 22 août 2021

59 j'aime

2