Pas son genre
Une tranche de vie agréable mais assez anecdotique, dominée par la belle interprétation du duo composé de Jean-Pierre Bacri et Emilie Dequenne, convaincants tous les deux dans des rôles sur mesure...
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le 21 févr. 2018
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Claude Berri relit sa comédie “Un moment d’égarement” de la plus intimiste des manières avec cette histoire d’amour où l’âge semble être une barrière infranchissable, portée par un touchant Jean-Pierre Bacri et la pétillante Émilie Dequenne.
Si la carrière de producteur Claude Berri a marqué au fer rouge l’histoire du cinéma français, quelques-unes de ses réalisations ambitieuses et populaires ont également séduit les foules, du Vieil homme et l’enfant à Tchao Pantin, et de son dyptique Jean de Florette et Manon des Sources à Germinal qui ont à eux seuls rassemblés près d’une dizaine de millions de spectateurs dans les salles. Pourtant, certaines de ses œuvres volontiers plus intimistes paraissent étonnamment plus confidentielles, et si l’on pourrait ainsi citer L’un reste, l’autre part, cette Femme de ménage en fait également partie. Reprenant le ressort de sa comédie Un moment d’égarement, où un homme d’âge mûr succombait aux charmes de la fille de son meilleur ami, Une femme de ménage, adapté du roman de Christian Oster, paraît être une sorte de réponse dramatique, où les éclats de rire ont ici laissés place à l’introspection d’un homme dont l’âge reste une barrière infranchissable aux charmes de sa jeune compagne.
Il suffirait de presque rien
L’un des grands talents de Claude Berri (bien au-delà de la mise en scène), est celui de ses choix de casting . Ayant notamment offert à Coluche son Tchao Pantin, devenu une expression et un passage obligé pour nombre d’acteurs de comédie, le producteur-réalisateur fait une fois plus un choix judicieux pour interpréter cet homme d’âge mûr solitaire. Jean-Pierre Bacri, qui a fait de l’anti-séduction sa marque de fabrique, se trouve ici confronté aux charmes de la pétillante Émilie Dequenne, révélée par le cinéma des Frères Dardenne dans Rosetta. Ayant mis au placard son rôle de père de famille râleur au bord de la dépression de Kennedy et moi, l’acteur sert ici parfaitement la sobriété de la mise en scène de Claude Berri, qui s’échigne à dépeindre la confrontation entre deux âges comme deux saisons opposées, et de la lumière qui rejaillit dans la vie de ce vieux célibataire solitaire. Si Une femme de ménage semble d’abord mettre en scène un certain fantasme plutôt racoleur et très centré sur les formes de la jeune Émilie Dequenne, le film de Claude Berri se recentre ensuite sur quelque chose de plus intime, et de l’infranchissable écart d’âge d’un homme et de sa jeune conquête.
L’opposition, si elle paraît évidente, est ici mise en scène par petites touches toute en simplicité et en modestie, et le portrait de cet homme qui ne s’est jamais remis d’une douloureuse relation paraît ainsi criant de sincérité. Si aucun éclat notable n’est malheureusement à signaler dans ce très sage long-métrage, l’on retiendra pourtant la réussite de la mise en scène de l’intimité, notamment sur le pas d’une porte où le personnage principal, face à une ex-compagne envahissante, n’arrivera à s’en défaire que des larmes dans la voix, choisissant alors la fuite comme seule issue de cette douloureuse confrontation. Cependant, l’on trouve dans cette évocation de deux âges qui se croisent quelque chose de sensible et touchant que ne noie jamais les talents limités de mise en scène de Claude Berri, qui fait ici très justement le choix de la modestie.
Si Une femme de ménage choisit alors de suivre l’échappée de ses personnages, le film de Claude Berri se contentera de mettre en pratique cette idée de confrontation en choisissant la voie belle mais tragique d’un amour estival dont la fin des vacances mettra irrémédiablement fin à toutes les belles promesses. Et si le tout paraît attendu, le film prend cependant un soin tout particulier à ne jamais faire sombrer ses personnages dans les clichés propres à leur générations respectives, se contentant simplement de les dépeindre lors de situations mettant leurs corps en opposition d’une bataille malheureusement perdue d’avance. De l’émotion d’un amour qui rejaillit aux erreurs d’un passé qui resurgit, tout contribue ainsi à faire du portrait de cet homme quelque chose d’abouti, même si le film laissera volontiers de côté le rôle de meilleur ami de l’excellent Jacques Frantz ainsi que tous ses autres interprètes. C’est aussi pour ça que sans artifices, Une femme de ménage réussit brillamment sa conclusion, abrupte mais juste, qui à l’instar d’Un moment d’égarement se fait ici plus pessimiste, comme si Claude Berri relisait sa comédie avec une maturité et une justesse bienvenus.
Ainsi, si Une femme de ménage ne laissera malheureusement pas un souvenir impérissable de par sa plate sagesse, sa modestie et sa simplicité en font une émouvante confrontation entre générations interposées et le portrait tout en justesse d’un homme mis en face des limites de son corps et sa vie.
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le 23 janv. 2021
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