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Ces temps-ci, le cinéma semble quelque peu se répéter. Il n'y a qu'à se souvenir et regarder de plus près les débuts de réalisatrices de certaines actrices.


Souvenez-vous : en 2021, Emerald Fennell ouvrait le bal avec sa Promising Young Woman, fable #MeToo bourrine qui mangeait littéralement la feuille de match en gâchant un personnage assez fascinant sur l'autel d'une démonstration bien lourde et s'exonérant de toute nuance pour décréter que le mal, c'était le mâle. Ou l'inverse, je ne sais plus.


En 2022, elle passait le témoin du discours hautement concernant à Olivia Wilde et son Don't Worry Darling qui, après une première heure en fanfare, laissait peu à peu filer son propos.


Zoë Kravitz s'invitait ensuite à la table avec Blink Twice en août 2024.


Aujourd'hui, c'est au tour de la toujours adorable Anna Kendrick de tenter l'aventure avec Une Femme en Jeu.


Comparer ce dernier avec Blink Twice est une idée des plus tentantes pour le masqué. Tout d'abord par le timing de sortie des œuvres, seulement à deux mois d'intervalle, sur un sujet similaire qui n'a rien perdu de son actualité à force d'être rabâché, au point d'être érigé comme un genre à part entière qui ne saurait souffrir la critique.


Ensuite, par la destinée des deux œuvres : car tandis que Blink Twice, malgré sa faillite intellectuelle lamentable se frayait hier un chemin dans les salles obscures, Une Femme en Jeu sera cantonné, lui, à une mise à disposition sur la plateforme maudite du N rouge.


C'est que ce constat épouserait presque ce qui anime la première œuvre d'Anna Kendrick : deux trajectoires opposées qui se rencontrent de manière tout à fait fortuite. Le temps d'une émission de télévision surgie d'un passé idéalisé, validant le regard posé sur le féminin comme sur un simple morceau de viande ou un trophée, ou encore les rôles dégradants dans lesquels la femme était enfermée.


Le décor d'Une Femme en Jeu ne pouvait pas être plus parfait pour soutenir le propos d'Anna Kendrick et sa peinture d'un temps révolu. Autant de passages des plus réussis, voire un véritable concept, qui donne l'occasion à l'actrice de briller et d'égratigner au passage le monde de l' entertainment et le miroir aux alouettes dans les yeux de tant de jeunes filles qui rêveraient de percer.


L'incongruité de cette rencontre avec un serial killer poupin aurait pu donner naissance à un sacré suspens, ou, au moins, à une nouvelle chronique de la marginalité déviante, d'autant plus que les parties du film consacrées au monstre sont elles aussi réussies, car ne quittant jamais une certaine forme de retenue.


Cependant, cette rencontre, le point d'orgue du film culminant dans un rendez-vous jouant constamment sur le malaise, vampirise Une Femme en Jeu, qui donne l'impression, tout au long de la projection, de regarder deux films en un sans équilibre ni réelle unité.


Ainsi, Anna Kendrick a beau se montrer bien plus fine que ses collègues dans le soutien de ses idées et de ce qui l'anime, on a l'impression qu'elle hésite quelque peu, qu'elle ne sait sur quel pied danser et surtout, quel personnage mettre réellement en avant. Un défaut pas très étonnant pour une première réalisation, mais dommageable alors que Une Femme en Jeu promettait a priori beaucoup.


Sans s'ennuyer, mais un peu déçu quand même, le masqué s'est rattrapé aux victimes du monstre, occasion de décrire son approche malsaine, ainsi qu'au malaise ressenti s'agissant de la possibilité constante pour lui d'ajouter le personnage d'Anna à son tableau de chasse relaté à l'appui d'une narration éclatée. C'est ce statut de victime en sursis qui permet à l'oeuvre de rebondir malgré ses indécisions, tout comme sa volonté de ne jamais asséner sauvagement le constat porté sur le malaise éprouvé par les femmes, dans les années 70, face à la pression, l'insistance et la dangereuse normalité de comportements parfaitement déplacés.


De quoi quelque peu regretter que Une Femme en Jeu ait été envisagé comme un premier film, Anna Kendrick ayant peut être eu les yeux plus gros que le ventre pour affirmer son envie de réalisation. Mais celle-ci témoigne d'une réelle aptitude derrière la caméra, faisant de son effort une œuvre très imparfaite mais beaucoup plus attachante que celles portées par ses petites camarades.


Behind_Et surtout après, est-ce que tu baises ?_the_Mask.

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le 23 oct. 2024

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