Une femme est une femme par Garcia
Je gardais un très bon souvenir d'Une femme est une femme, je me l'imaginais comme le Godard le plus léger où l'on retrouvais toutes les marques de fabrique du réalisateur mais dans un mode décomplexé et ludique. Un film qui serait entraînant, mignon, coloré et surtout pas prise de tête. Un film où Godard serait pour une fois entièrement, totalement sympathique.
En fait non... Dès le départ des "expérimentations" sur le son sont assez insupportables, la musique est beaucoup trop forte, empêche d'entendre correctement les dialogues, et en rajoutant à ça des coupures sauvages du son, ça empêche carrément de rentrer dans le film. Heureusement ça s'atténue un peu et passé cette présentation agaçante d'Anna Karina, le film développe d'autres attraits, dont Brialy et Belmondo. Mais cette musique, pourtant pas mauvaise au demeurant, dans le plus pur style de Michel Legrand, énerve pas mal par son utilisation abrupte.
Autant ce traitement du son peut être, disons, intéressant dans d'autres films de Godard, autant dans Une femme est une femme, c'est un gros gâchis. Les autres effets godardiens du film restent, eux, relativement légers. Les citations, l'utilisation du texte, les personnages qui s'adressent aux spectateurs, tout ça est un peu sympathique et l'humour fonctionne en général, même si certains gags sont un peu bêtes. L'histoire dans tout ça est pas mal, très simple mais donne un marivaudage assez sensible, qui se termine un peu en queue de poisson quand même.
Mais le trio d'acteurs évolue pourtant très bien dans ce cadre et fait des merveilles, Anna est très mignonne, Jean-Claude est un chouette bougon et Jean-Paul un sympathique roublard. Quand l'écriture du film est au diapason, ça donne de super moments qui font oublier tout le reste. En fait c'est un peu un brouillon de Pierrot le fou, beaucoup moins marquant visuellement, tour à tour charmant et légèrement irritant.