Triste, Perturbant, Beau
Triste, je crois que c'est évident. Le film est éprouvant, on ne sait pas trop où se placer, on est là mais on aimerai presque être invisible et la caméra nous dit presque "non non, tu es là, tu es bel et bien présent". Un film dans lequel on est impliqué on ne sait pas trop comment ni pourquoi et qui crée un sentiment de malaise assez brutal. Triste donc, je disais, parce que cette femme on s'y attache (bien qu'on ai aussi envie de la frapper) c'est certain, c'est voulu, ça marche et on sait plus trop où ça va, où elle va, et où on voudrait que ça aille, ça nous déchire, c'est horrible. C'est un film à ressentir.
Perturbant, c'est certain, on est bousculé quand on voit ce film, je crois qu'on peut difficilement, voir quasi impossiblement dire "j'ai vu un film habituel et plat" en sortant. Non ce n'est pas possible, parce que le film est pleins de bosses, de montagnes, bien que le film soit "long" dans le sens où l'on joue sur certaines longueurs, pour créer un trouble, un malaise, le film parait s’allonger en une scène quelque fois et reprendre un autre rythme ensuite. A l'image de cette femme perturbante et perturbée, le film l'est totalement.
Beau, parce qu'il y a quelque chose de magique et de doux dans toute cette brutalité, dans tout ces plans durs, violents avec un cadrage très près des actions, dans le jeu d'acteur de Peter Falk sans aucune, ou presque, douceur, exécutant les choses mécaniquement et avec une étrangeté folle, comme cette scène où il emmène ces enfants à la plage et les obligent à jouer. Cette femme qui monte sur le canapé pour chanter et danser le Lac Des Cygnes tout doucement, dans un moment d'abandon.
C'est un film qui ne va pas de soi, qui nous montre quelque chose qui a l'air si réel et qui parait si lointain qu'on se pose la question de la réalité de tout ça. Qu'est-on entrain de regarder ?