Une Hache Pour la Lune de Miel est loin d'être le plus connu et le plus apprécié des films de Mario Bava, le film ne sortira même jamais sur les écrans de cinéma français avec une première exploitation en VHS dans les années 80 sous le titre bien couillon de La Baie Sanglante II. Production espagnole censé se dérouler en France mais tournée essentiellement du côté de Barcelone, Une Hache Pour la Lune de Miel est un film un peu bancal qui nous plonge dans l'univers d'un psycho killer avec des détours un peu saugrenus vers le fantastique.
Le film raconte donc l'histoire de John Harrington un jeune homme à priori bien sous tous rapports et travaillant dans l'univers de la mode. Mais John est aussi un tueur en série traumatisé dans son enfance par un drame familiale et qui depuis s'en prend à des jeunes femmes vêtues de robes de mariées qu'il tue à coup de hachoir à viande (en non de hache).
Mario Bava n'est pas le premier réalisateur à explorer l'univers d'un tueur en série psychologiquement perturbé mais il le fait une nouvelle fois avec une certaine maestria nous plongeant dans un univers qui ne cesse de mélanger réalité, fantasmes et souvenirs. Le tueur au centre du récit cherche tout autant à assouvir ses pulsions meurtrière qu'à tenter de les comprendre en provocant les souvenirs traumatiques de son enfance par le crime. Que ce soit dans sa chambre d'enfance remplie des jouets et souvenirs du passé ou dans son antre garnie de mannequins de magasins habillés en mariées, les décors vienne à merveille symbolisés les errances mentales du personnage. Si le film n'a pas les audaces visuelles et colorés des précédents films de Bava, pas plus que la puissance gothique de son cinéma ou la maîtrise du suspens acquise avec ses meilleurs giallo, Une Hache Pour la Lune de Miel n'en demeure pas moins un film tout aussi stylisé qu'expérimental et maîtrisé. Déformations d'images, fragmentation kaléidoscopique, jeu de miroir sur les surfaces brillantes du hachoir Mario Bava fait une nouvelle fois preuve d'audaces formelles même si le film reste globalement assez sage visuellement. Même si l'aspect policier du film n'est pas son principal atout j'ai beaucoup aimé les interattractions entre ce tueur et le policier menant l'enquête et qui ne cesse d'essayer de le confondre par une série d'interrogatoires sournois sous forme de conversations amicales. Même si le comédien Stephen Forsyth n'est pas très expressif ni charismatique dans le rôle du tueur, son charme étrange et impassible imprime tout de même plutôt bien la pellicule. Par certaines et lointaines réminiscences (notamment les mannequins et la personnalité trouble du tueur) le film ressemble même parfois à un lointain embryon du Maniac de William Lustig.
Le petit soucis de Une Hache Pour La Lune de Miel, ou plutôt sa singularité vient aussi du fait qu'en cours de récit le film prend un tournant plus fantastique avec une histoire autour de la défunte femme de John Harrington revenue d'entre les morts pour lui coller au basque comme une malédiction. Il semblerait bien que ce soit pour offrir plus de temps à l'écran à la comédienne Laura Betti que le film aurait intégré un peu au forceps cette idée pas forcément aussi présente dans le scénario d’origine signé par l'espagnol Santiago Moncada ( La Cloche de l'Enfer – Ricco – La Vengeance du Mort Vivant). Laura Betti se retrouvera même créditée au générique en tant que scénariste c'est dire à quel point sa seule présence semble avoir modifié la tournure du projet au point de créer de vives tensions avec la jeune comédienne Dagmar Lassender un peu relayée au second plan. Même si tout ce pan de l'intrigue est un peu confus faisant du personnage de Mildred Harrington ( Laura Betti donc) une sorte de spectre qui semble tantôt visible ou invisible aux yeux des autres, à moins qu'elle ne reste qu'une vue de l'esprit malade du tueur. En tout cas je dois avouer que je trouve cet aspect du scénario assez amusant avec ce tueur voulant se débarrasser de son épouse et qui comprend qu'il va devoir se la coltiner comme un boulet sans jamais pouvoir s'en débarrasser.
Une Hache Pour La Lune De Miel n'est pas le meilleur film de son réalisateur. Il reste tout de même un étrange film de psycho killer dans lequel Mario Bava vient glisser des éléments fantastiques qui rendent le thriller bancal mais l'expérience globalement assez jouissive.