Marqué par l'univers très particulier de son auteur, une hache pour la lune de miel est une oeuvre transgenre déroutante. Bava nous embarque d'abord dans ce que l'on pense être un giallo de la plus pure tradition pour finalement brouiller les cartes en dévoilant son tueur au bout de 5 minutes de film. On est alors invité à bord de son esprit perturbé, pour une quête aux origines de son mal intéressante mais parfois un peu laborieusement narrée : on devine le pot aux roses bien trop rapidement. Lorsque le tueur cynique fait enfin la lumière sur sa condition, on avait compris depuis bien longtemps qu'il était un pourri bien avant de jouer de la hachette.

Fort heureusement, Bava ne se repose pas entièrement sur cette trame pour le moins originale. En bon créateur d'ambiances horrifiques, il ancre ses personnages dans une demeure inquiétante, dont il exploite la très ample architecture pour positionner sa caméra là où on ne l'attend pas, quitte à malmener notre petit cou qui tente de trouver l'orientation correcte pour comprendre ses images. Il joue également à loisir avec la lumière pour générer une atmosphère inquiétante qui va rendre possible l'insertion de la composante fantastique dans son film. Ainsi lorsque la déterminée Mildred revient avec son teint pâlichon d'entre les macchabées, la situation semble dans la continuité de cette histoire faite de dérangements psychiques. Qu'elle soit la fruit d'une imagination débordante ou un esprit malin revanchard importe peu, elle s'inscrit avec naturel dans le contexte visuel très vaporeux instauré par Bava.

Une hache pour la lune de miel se savoure pour ses cadres soignés, son ambiance sonore très marquée et sa tonalité sans cesse changeante. On pourra regretter que le comique des débuts ne soit pas exploité jusqu'au bout; le tueur amusant qui se vantait de ses crimes pendant le premier quart d'heure devient peu à peu agaçant à pleurer sur son sort, mais le bel effort que fait Bava pour donner de l'ampleur à son propos permet à l'ensemble de ne pas reposer uniquement sur son cinglé un peu gauche. Fort heureusement d'ailleurs, parce que le sympathique Stephen Forsyth n'a pas le talent nécessaire pour composer une personnalité torturée sans exagérer constamment ses expressions. Bava le sait bien, le bougre lâche du gros plan dès qu'il le peut sur les yeux hypnotiques de son acteur, ou s'amuse avec son reflet assez régulièrement pour lui éviter d'avoir à jouer l'émotion trop souvent !

Belle pirouette puisqu'elle lui permet de signer de cette façon l'un des plus jolis moments du film, celui où le frappé confronte sa femme à son vice, que Bava nous partage à travers le reflet des protagonistes sur cette lame tranchante qui permet de faire avancer l'intrigue lorsqu'elle se souille violemment du sang d'épouses en devenir. De là à dire que Bava n'aimait pas trop le concept du mariage, il y a un gouffre que je ne franchirai pas, mais la symbolique, en l'état, est assez limpide, en plus d'être véhiculée par un boulot formel qui force le respect. Une découverte à tenter, que l'on soit fan acharné du cinéaste ou non.
oso
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le 31 août 2014

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