Le titre du film est la mise en défaut du vrai proverbe "une hirondelle ne fait pas le printemps" qui explique, en quelque sorte, qu'on ne doit pas tirer de conclusions hâtives d'un évènement unique ou que l'évènement unique n'est pas suffisant pour en tirer une généralité.
En extrapolant un petit peu, le proverbe (le vrai) traduit aussi qu'un "système" laissé à lui-même va obligatoirement à un état de désordre, à un état d'abandon (même si un élément pouvait laisser espérer le contraire). Maintenant, si on insuffle de l'énergie au "système", l'évènement unique peut conduire à une réussite, à une victoire, à un état ordonné.
J'aime donc beaucoup ce titre qui est résolument optimiste… De fait, j'aime beaucoup ce film sympathique qui est le premier d'un certain Christian Carion sorti en 2001.
Je ne connais pas ce réalisateur mais j'ai vu qu'il avait réalisé quelques autres films que je me promets d'aller voir ou de trouver car s'ils sont de la même veine, ils pourraient s'avérer très plaisants.
Le scénario est bâti autour d'une jeune femme Sandrine qui est prof à la ville et qui en a marre. Elle rêve d'une vie d'agricultrice et fait une formation ad hoc avant d'acheter la ferme d'un vieil agriculteur au fin fonds du Vercors. L'énergie et la volonté, elle en a à revendre pour vaincre les difficultés et gagner son pari. Mais les difficultés abondent à commencer par le mépris à peine dissimulé du vieil agriculteur resté sur les lieux.
Le scénario est d'autant plus crédible que le réalisateur est issu du même milieu agricole et donc sait de quoi il parle.
Le rôle du vieil agriculteur est assuré par un Michel Serrault plus grincheux, bougon tendance cacochyme que jamais. Avec des moments, de temps à autre, pas si souvent, émouvant. Lui aussi est très crédible. J'ai bien aimé la scène dans le bistrot où il rencontre d'autres paysans qui lui reprochent d'avoir cédé sa ferme à "n'importe qui" (et pas à eux …). Là, l'ensemble de la scène et la réponse, claire et nette, de Serrault sentent vraiment le vécu ; ça, ça ne peut pas s'inventer !
Le rôle de la jeune fermière est tenu par Mathilde Seigner dont le ton est juste. Face à Serrault, elle assure clairement son rôle et sa personnalité. Et c'est presque naturellement que le personnage de Serrault finit par la reconnaître en tant que telle.
Jean-Paul Roussillon, qui est un acteur qu'on voit très souvent en second rôle au cinéma, joue ici le rôle de l'ami de Serrault et apporte une note de fraicheur au film (notamment avec son alcool de poire qui, à la vue du flacon, ne devait pas être dégueu…).
La mise en scène dans les somptueux paysages du Vercors est magnifique et ne trompe pas quant à la difficulté de la vie en montagne. Le twist final du film est particulièrement bien réussi car après avoir revu ce film pour la deuxième fois, j'ai failli me tromper.
En guise de conclusion, j'ai trouvé que ce premier film de Christian Carion est une belle réussite. Où on apprend, entre autres, que chez les éleveurs, on n'y parlait pas de margarine (même si prescrite par les toubibs) …