La version d'Ingmar Bergman du Sixième sens, Les Autres, Beetlejuice, Shutter Island et Huis-Clos?

Je ne savais rien de ce film. Merci Orange/OCS. Le genre de film puzzle qui sont des plaisirs à voir et déchiffrer/décrypter/démêler/interpréter/percer/comprendre s'ils sont visionnés au bon moment. Il faut être disponible et attentif et écouter.
Sophie Marceau nous parle et raconte sa vie. Une lumière rouge la balayant parfois.
Je pense que son personnage est morte et repasse sa vie et raconte des souvenirs.
Elle parle de son enfance, son mariage avec un mari volage, Alfred, puis l'enterrement en cercueil ouvert où Alfred "sent très mauvais", son admiration pour Richard Strauss, peut-être la perte d'un enfant, son séjour en asile (partie où on comprend alors le flash rouge qui apparaissait parfois).
Elle parle à son père et de "ses 1000 poèmes".
Est-ce une âme errante dans une maison vide?
Filmé en 2015, joué au théâtre en 2011, écrit par Ingmar Bergman en 1972.
On peut croire qu'elle est morte et pas consciente de sa situation comme le couple au début de Beetlejuice (1988), comme Bruce Willis dans Le 6e Sens (1999), comme Nicole Kidman dans Les Autres (2001) et comme des personnages au début de L'enfer, c'est les autres de Sartre (1944) qui ne savent pas de suite qu'ils sont morts...
Est -elle au purgatoire? (scène dans le couloir rétrécissant où elle rappelle aussi Alice de Lewis Caroll). On comprend dans une autre scène dans une salle de bain qu'elle est enfant par son jeu et aussi car tout devient plus grand qu'elle...l'évier est plus grand qu'elle et l'empêche de bien se voir dans le miroir.
La scène de la piscine rappelle Under the Silver Lake (2018).

N'a t elle pas eu la vie mondaine de Jennifer Saunders dans Absolutely Fabulous car elles partagent la même amie et vie? "Patsy" est souvent citée et appelée... "Patsy Patsy Patsy"
Elle mentionne et revit sa vie mondaine de cocue notoire. S'adressant à des invités invisibles pour nous. C'est une seul en scène.

Suis-je une malade mentale? "Je suis en Asile"
"Suis-je une actrice?" se demande t elle juste après son déguisement en homme puis son striptease plein de grosse surprise pendante qui rappelle celle de The Crying Game de Neil Jordan (1993).

(Sophie Marceau a peut être pris goût à se déguiser en homme avec pénis dans cette pièce de 2011 puis film de 2015 car elle rejouera un homme à merveille et méconnaissable et beau dans Mme Mills en 2018).

Après un homme, on la voit devenue Blonde platine à table, actrice? (puis prostituée?).
Puis comme une Nellie Bly , elle décrit les cellules et conditions de vie en asile: mais elle semble avoir passé bien plus de 10 jours.
Au détour d'une phrase, dite une seule fois et vite, je pense qu'on comprend qu'elle se retrouve en asile suite peut-être à la perte d'un enfant car elle dit que lorsque l'infirmière rentre dans sa cellule:

"La petite fille qui dormait dans mes bras a disparu".

On pense alors à Shutter Island...on se demande si Sophie Marceau comme Leonardo di Caprio ne joue pas un personnage qui vit dans sa propre réalité recréée suite à un traumatisme: ils se font des films, des rêves éveillés.
Les deux films partagent d'ailleurs des scènes de tempête et forte pluie qui rendent les cellules de l'asile humides, inondées et encore plus invivables... et nécessitant évacuation temporaires des malades.
La malade dans la cellule qui nous parle à la fin et se rappelle en bribes sa vie, pensait tenir un enfant mais est contente de retrouver serrée dans sa main sa pierre Cornaline, rouge…
Rouge comme les éclairages parfois apparus subrepticement depuis le début du film: on en vient alors à se demander si toutes ces scènes depuis le début ne sont dans la tête d'une enfermée dans une cellule regardant sa pierre rouge cornaline dans sa main?
D'ailleurs un site du bijoutier Vuillermoz m'informe que:

La cornaline connue et utilisée depuis des millénaires est citée dans de nombreuses légendes (donc pourquoi pas par Ingmar Bergman)
Chez les Egyptiens, elle était censée accompagner les morts dans leur voyage vers l’au-delà.
Elle est mentionnée dans la Genèse : « l'or de ce pays est pur et là se trouvent le bdellium et la pierre de cornaline ».
Dans l’Epopée de Gilgamesh, récit vieux de 6000 ans composé en Mésopotamie, le roi d’Ourouk médite près de son jeune frère inanimé Enkidou, faisant des offrandes au Soleil : du miel dans une coupe de cornaline, du beurre dans une coupe de lapis-lazul.
Mahomet, prophète d’Allah dans l’Islam, portait une bague de cornaline.
George Sand raconte l’histoire d’une cornaline dans l’un de ses Contes de grand-mère : « Le Marteau rouge ». Elle la décrit dans un style aussi scientifique que littéraire : « Détaché d'une roche de cornaline, il était cornaline lui-même, non pas de la couleur de ces vulgaires silex sang de boeuf qui jonchent nos chemins, mais d'un rose chair veiné de parties ambrées, et transparent comme un cristal. Vitrification splendide, produite par l'action des feux plutoniens sur l'écorce siliceuse de la terre…»

La cornaline a la réputation d’aider tout particulièrement les femmes : son contact réduirait les désagréments menstruels et favoriserait la fertilité. Chez les hommes, elle stimulerait la puissance sexuelle.

La Cornaline améliorerait la concentration et les capacités de travail. Cette gemme aurait enfin la capacité d’ancrer les personnes distraites et rêveuses dans la réalité.
Ce qui est assez en lien avec le film: elle est ramenée à la réalité par la pierre dans sa main... et le spectateur doit se "concentrer" pour inventer et suivre ;-)