Une histoire d'amour et de désir est construit selon des contrastes et des oppositions : pudeur et sensualité, ouverture et préjugés, peur (masculine) et audace (féminine), mots et silence, écrit et oral ... L'exercice pourrait être scolaire mais grâce au talent de Leyla Bouzid, dont le premier long-métrage, A peine j'ouvre les yeux, était mieux qu'une promesse, il devient solaire, tout en grâce et en retenue intense. Le film, merveilleusement fluide et empli d'empathie, raconte une naissance des sens au masculin, cristallisant une situation romantique où la virilité se traduit autrement que par des clichés. Patience et langueur de temps, Une histoire d'amour et de désir n'oublie pas de situer précisément ses deux héros du point de vue social et de donner corps à d'autres protagonistes (le père, la sœur, les amis ...), personnages périphériques importants de la rencontre amoureuse. Au passage, Leyla Bouzid témoigne de la pluralité de la communauté maghrébine, loin des poncifs, là encore, et rappelle la richesse de la littérature arabe de l'âge d'or, enivrée de vin et d'étreintes. Le film est cérébral et poétique, deux qualités en l'occurrence, dès lors qu'il manifeste une une bienveillance douceur (douleur, parfois) permanentes. Une histoire d'amour et de désir possède le charme, presque indicible, des premières fois et des parcours initiatiques. Il en est donc rare et immédiatement précieux. Et universel, aussi, tant qu'il y aura de l'amour sur terre.

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le 5 sept. 2021

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