4,75/10
Que Robert Guédiguian ait l’impression malgré l’abondante filmographie qu’il a déjà consacrée au sujet de ne pas avoir assez rendu hommage aux Arméniens, et accepte de risquer la redite est au pire son problème, au mieux encourageant pour le spectateur qui espère une construction dramatique et un propos toujours plus fins… Las, il ne s’est peut-être jamais montré d’un didactisme plus lourd, ses personnages n’ont jamais été plus phraseurs et n’ont jamais adopté de comportements plus contraires à toute vraisemblance psychologique et à tout bon sens, et il se paie même le luxe d’imposer le sentimentalisme le plus mièvre subi depuis longtemps… Les dix premières minutes, relatant en noir et blanc l’assassinat de Talaat Pacha en 1921 et le procès qui s’ensuit, auguraient pourtant assez bien de la suite, mais celle-ci n’ajoute étonnamment rien en termes d’enjeux à ce prologue, ne les développe pas et ne les complexifie pas, mais au contraire les dilue et les dessert grandement par la faiblesse des acteurs, la platitude de la photographie, la BO d’un Alexandre Desplat visiblement plus préoccupé par des films qui font des entrées, et la médiocrité d’une écriture qui ne sonne pas juste une seule seconde… Exactement comme les terroristes arméniens qu’il présente dans son film, qui tuent des innocents pour que l’on parle de leur cause, quitte à retourner l’opinion contre eux, Guédiguian n’a apparemment réalisé ce film que pour faire parler de l’Arménie, sans se soucier de ce que le spectateur en penserait...