Au pays de la boite automatique, des pick-up de 300 chevaux et de la possibilité d'obtenir son permis à 16 ans, on suit le road trip du seul homme de l'Iowa ne sachant pas conduire. Oubliez les scénarios complexes et superbement construits de Mulholland Drive, Lost Highway ou encore du sublime Inland Empire, ici, Lynch vient nous raconter une histoire vraie, celle de Alvin Straight, 73ans, décidant de chevaucher une tondeuse à gazon pour rejoindre son frère à plus de 380 kms, après que celui-ci ait fait une attaque.
Le film nous présente donc rapidement le personnage principal, avant de lancer l'intrigue et de partir sur le fameux road trip à la vitesse folle de 3km/h, vitesse à laquelle se déroulera l'essentiel de l’œuvre. Car c'est long, très long, mais tout de même rythmé par des rencontres, dans une Amérique 100% blanche, bien pensante, où tout le monde parle et aide l'inconnu qui passe devant sa porte. Le personnage principal n'est pourtant pas attachant et ceux qu'il croise sont vides, lisses, ennuyeux et dénués de réels intérêts, comme si aucune de ses rencontres n'avaient été marquantes. Le tout est agrémenté de tentatives de transmettre des émotions, sans succès.
C'est ainsi que plus le film progresse et plus on a l'impression d'être devant une œuvre de Clint Eastwood, à la différence qu'il y a des hics techniques indignes de ce dernier, ou même de Lynch d'ailleurs, et ça pose problème.
En effet c'est ni bien filmé ni bien monté. Le film est parsemé de fondus, censés représenter le temps qui passe, s'enchaînant en général de cette manière : un fondu, un plan de quelques secondes, un second fondu. La manœuvre n'est déjà pas forcément jolie de base mais lorsque les plans déteignent littéralement les uns sur les autres, ça donne des transitions laides et désagréables à la vue. On trouve également deux/trois coupures, trop nettes, juste après une fin de dialogue, dévorant littéralement la fin d'une réplique et du plan en cours, les rendant presque incohérents.
La scène de perte de contrôle de la tondeuse lors d'une descente un peu raide m'a laissé pantois, tant la fausse impression de vitesse lorsqu'on se trouve dans les yeux du personnage ne peut que tourner la chose en ridicule, pourtant censée être tragique.
De plus, on trouve plusieurs plans assez éloignés des personnages, où la prise de sons a été apparemment effectuée au même endroit que la caméra, le résultat est simple : de courts dialogue sont inaudibles, même pour des natifs, on remerciera donc les sous titres.
A aucun moment je n'ai eu l'impression d'être devant une œuvre dont le budget est de 10 millions de dollars, c'est 1000 fois plus que le premier long métrage de Lynch, et c'est pourtant moins bien filmé.
Le film respecte plusieurs règles du Dogme95 et peut être a-t-il été réalisé avec certaines de ses règles en tête, mais que ce soit le cas ou non, cela n'enlève en rien la maladresse avec laquelle il a été filmé et construit. L'histoire se veut émouvante, il est très facile de me prendre à la gorge et m'humidifier les yeux, pourtant il n'en fut rien, et j'ai ressenti plus d'émotions lorsque j'ai appris que l'acteur s'était suicidé 1 an après le film, que pendant le film lui même. L'ensemble est maladroit, prolixe et peu intéressant, dommage.