1967 Peace and Love

Une jeune fille finlandaise est un film très marqué « années 60 » dans son propos et dans sa forme. Le film s’attache non à une jeune fille, mais à trois amies, Liisa, Tenu et Lulu vivant ensemble dans le même appartement et synthétisant les aspirations de LA jeune fille finlandaise et de la génération étudiante des années 60. Au sein d'une époque turbulente, elles vivent cette période de bouleversement idéologique en chantant, s’aimant et se révoltant
Avec trois garçons amis elles participent aux répétitions de Lapualaisoopera « Ceux de Lupua » opéra qui revient sur une terrible page de l’histoire du pays : le mouvement de Lapua, mouvement fasciste qui sévit dans les années 30 et sur ses victimes. La mise en place de cette pièce fonctionne comme un déclencheur de l’intrigue et de la prise de conscience pour les jeunes. Etudiants hantés par le passé torturé de leur pays, ils réfléchissent aux problèmes de société qui agitent l’époque et débattent de leurs visions du monde : appréhension de l’avenir du monde, préoccupations de la croissance démographique, non-violence, guerre du Vietnam, contraception, avortement, émancipation féminine qui s’affirme dans ses choix et ses désirs. Le débat est vif dans cette Finlande machiste des années 60’ à l’image de cet échange homme/femme dans un café : « je me demande pourquoi les femmes font des études , elles les abandonnent pour élever des lardons. -A ton avis, les hommes n’ont rien à voir la dedans ? »
Passion politique et mouvements de cœur, les deux intimement liés, on a le sentiment d’un film se construisant au gré de leurs discussions et de leurs interrogations, « un film en train de se faire », ainsi que l’annonçait un carton de La Chinoise de Godard tourné la même année en 1967,. De nombreuses séquences documentaires telles le défilé du 1er mai sous la neige (!), les livrets militaires brulés, les moments de détente sur la plage renforcent cet aspect « cinéma vérité ».

Film sans doute un peu daté dans la forme et ses Tics cinéphiliques sixties, mais un bon portrait d’une jeunesse perdue dans l’effervescence sociale et politique de l'époque.