L'Italie est-elle fondamentalement fasciste ? C'est la question qui se pose en filigrane au visionnage de ce film d'Ettore Scola. Hitler était un admirateur et imitateur de l'empire romain, il leur a piqué, outre l'idée de conquérir l'Europe leur salut et leur aigle, j'en passe et des meilleures, et pourtant l'empire romain considérait les germains (les allemands) comme des barbares. Cependant, l'Italie, au moins depuis l'empire romain a ce côté fasciste, et l'Unité italienne a sans doute d'une certaine manière ressuscité cela jusqu'à l'Italie de Meloni (celle qui a le melon) que nous connaissons actuellement.
Ici, Hitler (du pays des barbares) rend visite à Mussolini, son allié (avec l'autre dictateur fasciste, celui de l'Espagne, Franco). Il arrive en train et tout Rome viendra voir la procession et écouter les discours des deux fascistes. Le petit brun avec la moustache et le gros chauve, comme on a pu les voir dans le Dictateur de Chaplin. Tous sauf une dame (Sophia Loren) qui après avoir réveillé toute sa famille (son mari et ses six ou sept enfants) reste à la maison à s'occuper de son oiseau, et son voisin (Marcello Mastroianni), qui reste pour des raisons obscures qu'on comprendra peu à peu. Mais l'oiseau s'échappe et fait qu'ils vont se rencontrer. Elle, cette admiratrice du fascisme, lui, qui n'est pas tellement opposé au fascisme que c'est le fascisme qui est opposé à lui, à tout son être. Car son essence même est le contraire du fascisme. Ils partageront un moment extraordinaire avant que tout le monde ne revienne, avant de repasser au fascisme ordinaire. Mais je m'arrête là pour l'histoire ...
Ce n'est pas la première fois que Sophia Loren et Mastroianni se rencontrent au cinéma. On les avait vu notamment dans Mariage à l'italienne, Hier aujourd’hui et demain ou les Fleurs du Soleil mais Ettore Scola offre sans doute le plus beau rôle de sa vie à Sophia Loren. Ce film nous montre ce fascisme ordinaire, sans trop de violence apparente. La violence est le plus souvent cachée, mais elle n'en existe pas néanmoins. Un grand film d'Ettore Scola qui même s'il nous montre qu'il y a quelque chose de fondamentalement pourri en Italie, tous les italiens, heureusement ne sont pas fascistes.