(Je vais grave spoiler, z'êtes prévenus)
Bon ben c'était naze.
C'est dommage parce qu'en toute franchise le sujet, à défaut d'être inédit, est relativement intéressant.
Non, avec un fond qui regroupe tellement de possibles, c'est vraiment regrettable de pondre un film aussi convenu et rasoir.
Je veux dire, comment peut-on rester indifférent devant une histoire mêlant amour et sexe, avec des scènes érotiques soutenues ?
Les personnages ne m'ont pas du tout touché, à aucun moment.
La fausse naïveté, la fausse timidité, la fausse gêne puis l'amour naissant sont si mal joués que c'en devient gênant, et en tout cas aucunement crédible. Un film exclusivement axé sur les sentiments et l'humain ne survit pas à ce genre de faiblesse.
Sergi Lopez, c'est maintenant presque sûr, m'est excessivement antipathique avec son accent et son jeu de bourrin, avec ses rôles de mec systématiquement "en marge" et insensible en apparence mais tellement fragile à l'intérieur, qui réussit à séduire toutes les femmes qu'il croise. Franchement même quand il essaie de nous émouvoir en pleurant j'ai envie de le frapper. Non, pas "même", "surtout" en fait.
De la jalousie très probablement, on va dire, si ça vous fait plaisir.
En tout cas il ne se renouvelle pas, et il ne progresse pas dans cette posture récurrente. Bien triste.
Et Nathalie Baye, qu'en revanche j'aime pourtant bien habituellement, est ici un peu pathétique avec les bégaiements forcés et la peur de s'engager. Tout est basique, tout manque de nuance et de sincérité, de candeur authentique.
Et puis il y a bien sûr ce glissement à la fois tellement prévisible et si peu original de la relation "sex friends" vers quelque chose de plus intime.
En n'apportant rien de neuf à tout ce qu'on a déjà vu du genre, et en appuyant exagérément sur le côté "ah mais non moi je veux juste que ça reste du cul", à l'image de la première scène de sexe que l'on voit, où ils décident de faire l'amour normalement.
Ah oui parce qu'avant, la base de leur relation, c'est un fantasme de longue date de Baye qu'elle décide de mettre en pratique avec un inconnu via une petite annonce, à la faveur de son célibat car aucun de ses partenaires n'a jamais voulu, avec vraisemblablement une pratique taboue, que la pudeur ou on ne sait pas quoi empêche les protagonistes de parler. Un refus catégorique.
Hormis le stratagème visant à ne pas montrer du sexe "sale" à l'écran, grossièrement utilisé, cela rend encore plus ridicule le procédé de narration retenu par Fonteyne, qui consiste à raconter leur histoire à une espèce de journaliste (suppose-t-on). Un artifice qui me déplaît en temps normal, et qui est a fortiori très envahissant et mal intégré à l'histoire, un cumul rapidement et inévitablement fatal.
On n'échappe pas non plus au destin croisé de notre petit couple en devenir avec un écho troublant de ce qu'ils pourront être plus tard.
Cet électrochoc, simultanément avec leur première sortie commune hors de la chambre d'hôtel, est à l'image du reste : sans âme, ne suscitant guère d'empathie.
Ils se raccrochent désespérément (dans tous les sens du terme) à leur routine, et le spectateur continue de subir.
Jusqu'à la fin où on essaie de nous faire enrager de les voir rater un truc dont ils avaient tous les deux envie. En appuyant bien dans le pathos avec la petite question du "journaliste" et la petite diatribe de Lopez sur "mais y'aurait eu un signe blabla !". Je ne comprends pas qu'on puisse à ce point manquer de subtilité...
Une liaison pornographique ne se contente pas d'être inintéressant et criblé de clichés, il est régulièrement exaspérant, et ne se hissera donc pas dans la moyenne.
J'ai failli mettre 3 pour Nathalie Baye à poil, puis je me suis rappelé que j'avais collé 2 à Partir, et objectivement Nathalie Baye ne peut pas rivaliser avec Kristin Scott-Thomas (même habillée) malgré toute la sympathie que j'ai pour elle.