Mention : Poétique
Le risque de retranscrire l'histoire de vie singulière de Stephen Hawking c'est de tomber dans le pathos et le mielleux. Le film est effectivement plein de douceur, mais elle n'est jamais excessive à en devenir indigeste. Au contraire elle est d'avantage dans la poésie.
Le récit instaure assez maladroitement la rencontre de Stephen et Jane, la scène de soirée est relativement bâclée. Mais une fois la relation mise en place, le duo d'acteurs est fabuleux. Jane (Felicity Jones) est pleine de dévotion et d'admiration pour son époux. Un amour fort et franc qui est vraiment touchant. Cette adaptation s'appuie d'ailleurs sur les mémoires de Jane Wilde. Eddie Redmayne livre une grande performance. Il trouve drôlement bien le cynisme qui caractérise le physicien. Tout en gardant profondément cet humour, il fait parfaitement évoluer le personnage. Le jeune acteur donne corps à la maladie, et les ravages prennent progressivement une vraie ampleur. La réussite de ce portrait est en partie dans le fait que cet homme d'exception est aussi présenté comme un être humain normal.
Autour de ce Stephen Hawking il gravite que profond respect, bienveillance et fascination. C'est con à dire mais il n'est pas évident que dans sa vie le physicien n'eut jamais été déconsidéré ou confronté à de la moquerie et du dédain. Mais ignorer cette balourdise est la meilleure chose à faire.
Comme avec "Imitation Game", c'est la détermination du protagoniste qui fait la force du propos. La passion que met Stephen Hawking dans ses recherches et ses travaux est son arme de combat contre la maladie. Force est de constater qu'elle est puissante.
Si le film est aussi touchant c'est qu'il déborde de vie. Alors qu'elle semblait condamnée, Stephen Hawking continue de mener la sienne tambour battant. C'est justement parce qu'il y a beaucoup d'amour autour de lui qu'il arrive a puiser une énergie enthousiaste. Il y a en lui comme une infaillible joie de vivre. Tout cela pourrait virer à la guimauve mais il n'en est rien car tout ces sentiments restent authentiques et le récit évite de tomber dans la compassion.
La mise en scène est très enivrante. Utilisation plus subtile de la musique que "Imitation Game", elle accompagne avec charme les moments de douceur. Superbe photographie aussi, entre les décors et les images symboliques, c'est subjuguant. Il y a en particuliers l'université de Cambridge qui est magnifiquement utilisée. Et donc des plans très imagés avec une poésie totale. L'illustration d'une évasion dans les étoiles, d'un voyage vers l'infinie.
Cela répond avec brio à un sujet si peu cinégénique. La science au cinéma est pas une évidence. Le propos technique n'est ni trop simpliste (contrairement à "Imitation Game") ni trop complexe. Mises en scène avec justesse, les scènes de discours de Stephen Hawking sont prenantes.
"The Theory of Everything" est une histoire de vie qui casse l'aspect tragique du destin. Le film ne réinvente pas le biopic mais trouve une singularité dans son ambiance gracieuse. Un portrait plein de dignité, porté par Eddie Redmayne et Felicity Jones.
Note : 14 / 20