Ok, je suis un peu dur avec ce film, c'est entendu. C'est pas si mal filmé, même si c'est très classique, mais on attend pas non plus une réalisation et un montage bien punk dans le carde d'un biopic sur la vie de Stephen Hawking. Les acteurs sont plutôt bons, en particulier l'impressionnant Eddy Redmayne qui nous offre une incroyable composition de la dégradation du physicien à roulette les plus connu de la planète. Redmayne arrive à transmettre les émotions qui saisissent le personnage principal ainsi qu'à montrer toute la vie intérieure intense d'un esprit piégé dans son propre corps, et ce avec de lourdes restrictions dans son jeu inhérentes à la maladie dont est affecté Hawking, tout en gardant une grande sobriété de jeu. Le travail entrepris par l’acteur confine au mimétisme dans un numéro de caméléon équilibriste extrêmement casse gueule et dont il se sort avec tous les honneurs et un oscar tout à fait mérité à mon sens.
Non, ce qui me pose souci, c'est le parti pris de ce film, décidant de mettre l'emphase sur l'histoire d'amour, et reléguant le travail de cosmologiste de Hawking au second plan.
Je trouve dommage d'accorder si peu de temps à ce qui fera la renommée et l’intérêt du physicien pour tenter de toucher le spectateur à travers l'universalité qui parait dés le départ factice et calculée d'une histoire d'amour "bien sous tous rapports", dont même les péripéties (par exemple avec Jonathan ou l'infirmière qui s'occupera de Stephen plus tard) sont aussi trépidantes qu'un concours de je te tiens, tu me tiens par la barbichette entre notre physicien et un bloc d'emmental.
Le réalisateur semble ne vouloir blesser personne en faisant en sorte que tout le monde s'entendent à merveille, en minimisant le caractère imbuvable quasi légendaire de ce bon Stephen,... Bref en faisant tendre tout son film vers quelque chose d'un peu compassé.
Un film d'un académisme presque coupable, calibré pour les oscars, mais qui a l'avantage de parfaitement illustrer la théorie de la relativité restreinte d'Einstein: le temps paraissant se dilater à l'excès lorsqu'on le regarde...
Alors, peut-être que cela en dit plus sur l'auteur de cette critique et son coté désabusé que sur le film lui même,mais je trouve toujours plus d'universalité et d'émotions dans la quête de la compréhension de l'univers et l'émerveillement qu'elle engendre que vis à vis de l'amour romantique, surtout lorsqu'il est illustré avec aussi peu de force et mis au service d'une machine bien huilée pour faire pleurer dans les chaumières, aux ressorts si apparents.
Ps: Par contre, un big up pour le clin d’œil au Daleks qui m'a bien fait rire.