Sorti en 1989, A Brief History of Time s'est vendu à plus de dix millions d'exemplaires. Dans cet ouvrage de vulgarisation scientifique, Stephen Hawking revient sur les principales théories qu'il a développées au cours de son existence. En 2015, l'astrophysicien le plus célèbre de son temps a les honneurs du biopic aseptisé en compétition pour les Oscars ; nommé comme son premier essai, le film est écrit par le romancier Anthony McCarten qui est à l'initiative de ce projet vieux de onze ans. Le résultat est un mélodrame conventionnel, efficace et avisé, dont le vernis cosmologiste est mis au service d'une métaphysique de ravis de la crèche poétique quoique peu fouillée.
Le sacrifice de la compagne d'Hawkins est de loin la partie la plus intéressante. Alors qu'elle partait pour deux ans au moment où la maladie dégénérative de Stephen s'engage (sclérose latérale amyotrophique aka maladie de Charcot), elle se retrouve vissée auprès de lui pour des décennies. Et ce sacrifice pour quoi ? Un petit génie qui n'est qu'un amour avorté d'autrefois ! Belle façon de rater sa vie pour cette croyante parfois déçue par les thèses de son époux. Les moments lourds s'enchaîne, elle en préfère un autre et lui n'apporte guère de contribution à son existence quotidienne, mais elle demeure fidèle et persévère, combattant pour sa vie à lui, s'accrochant même lorsqu'on lui indique qu'il serait sage de s'arrêter, ou de débrancher son mari. Aider et tenir sa parole quitte à se damner.
Ce n'est pas l'aspect le plus original d'Une merveilleuse histoire du temps mais celui-là arrive à maturation. Car pour le reste, le film manque de caractère et ne travaille guère la spécificité de son personnage. Le compte-rendu sur celui-ci est franchement limité, la citation des grands travaux cohabitant avec les petits détails de fiction. Rien n'est dit des engagements d'Hawking, ni de ses rapports avec ses pairs. Le flot de son esprit en tant qu'homme, son cheminement intellectuel, les aléas dans ses poursuites, sont zappés. À l'écran ne sont rapportés que les résultats sur lesquels sont plaqués un optimisme doucereux et profond. Cette légèreté criante ne pèse pas vraiment car toute tension dans ce film est d'ordre affectif. La volonté d'expliquer tout l'Univers est plus importante que les démonstrations et hypothèses justifiant sa création ; et clamer l'expansion continue et la nature illimitée de celui-ci est tout, l'expliquer serait vain.
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