Voici venir le dernier ovni d'Ozon. Il prend un risque avec ce film. Le risque de se faire étiqueter d'insensible, de complaisant, d’ambiguë, de surfer sur les conflits autour du mariage pour tous, voir de faire de la discrimination à l'égard des travestis.
Difficile à dire. Difficile aussi d'imaginer qu'il ne le fait pas en connaissance de cause. Car le scénario prend des tournure inattendus. On peut penser à Hitchcock, Almodovar et surtout De Palma tant Duris fait penser à Caine dans Pulsions, tant il est évident qu'il s'agit d'un homme sous la perruque, la mâchoire carré le trahissant. Le côté tueur maniac en moins. Car c'est là ou est la force de ce film. Il joue avec les codes des films qui parlent de travestis. Il ne refait pas Priscilla, Folle du Désert mais dépeint le travestissement au sein d'un quotidien qui pourrait être celui de nos voisins. D'où le malaise, la proximité d'un sujet qui pouvait sembler lointain.
Duris y est fantastique, touchant et étrange, Dumoustier subtile, tentée et hésitante. Les décors et la façon de filmer font appel aux style d'Hitchock et De Palma et le tout ressemble à un téléfilm qu'on pourrait regarder en famille.
La fin choquera certains et laisse une porte ouverte à de multiples interprétations qui ne manqueront pas d'alimenter les débats. Et ils seront nombreux après avoir vu ces personnages qui essaient d'être eux mêmes, sans le savoir vraiment, en se débattant dans ce conte la vie (presque) ordinaire. Enfin le film possède mise en scène sans faille qui prouve une fois de plus la place spécifique et unique d'Ozon dans le paysage cinématographique.