Il me semble désormais que Ozon n'est jamais aussi bon que lorsqu'il assume une certaine distance vis à vis de son sujet, comme dans l'excellent "Jeune et Jolie". Se laisse-t-il aller au plaisir de nous offrir un spectacle, qu'il se vautre dans les excès, se réjouissant sans mesure de son propre don pour la provocation, voire même sacrifiant à des clichés de mise en scène indignes de son talent. "Une Nouvelle Amie" n'est jamais loin de sombrer dans ces extrêmes un peu crapuleux, qui risquent à plusieurs reprises de dé-crédibiliser ce qui est quand même un assaut extrêmement pertinent contre la rigidité des genres. Soit un combat salutaire, voire indispensable en ces temps maudits de réaction morale, de lepénisme et de manif pour tous. Heureusement, s'opère ici un petit miracle qui sauve le film de la grossièreté, c'est l'alchimie entre Duris et Demoustier, générant une électricité sexuelle fascinante, et validant totalement l'apologie du transgenre à laquelle Ozon voulait se livrer. Impossible donc de ne pas lui accorder le crédit, à défaut d'avoir réalisé le film majeur que l'on attend encore sur le sujet, d'avoir su faire advenir cette friction, cet échauffement enchanteur des sens. Tant pis si les grossièretés de son scénario plombent le final de "Une Nouvelle Amie", en attendant, Ozon nous aura séduits. Et excités. [Critique écrite en 2015]