N'est pas Emmanuel Mouret ou Arnaud Depleschin qui veut... En prenant le risque de réaliser un film se reposant quasi exclusivement sur des scènes de conversation, Alex Lutz vise trop haut et se brûle les ailes. Un tel film ne peut fonctionner, au-delà du niveau de jeu des acteurs, qu'avec une qualité de dialogues irréprochable, tant dans ce qu'ils racontent que dans le rythme avec lequel ils sont mis en scène. Ici, c'est une succession de lieux communs et de platitudes que s'échangent les deux acteurs pendant 1h30. Avec des questionnements aussi profonds que "C'est quoi le lâcher prise ?" ou "Qu'est ce qu'être bien ?", l'ennui pointe rapidement le bout de son nez. Deux séquences paraissent sortir nettement du lot, avec une écriture beaucoup plus fine : la scène dans le restaurant asiatique et l'humour qui se dégage des commentaires sur les autres clients, ainsi que celle dans le club échangiste, dans laquelle les deux personnages secondaires apportent une ambiguïté et une profondeur intéressantes. Je retiens également la performance de Karin Viard, comme d'habitude impeccable. Alex Lutz a décidément du mal à me convaincre dans un registre autre que la comédie. Je trouve son jeu trop fabriqué et peu naturel lorsqu'il s'essaie à une émotion plus dramatique, comme dans deux ou trois scènes du film. Souffrirait-il du complexe Muriel Robin, avec ce besoin de prouver à tout prix que sa palette ne se limite pas à faire rire les gens ? Enfin, le twist final (qui n'en est pas vraiment un puisqu'un choix de réalisation peu compréhensible permet aux plus attentifs de le comprendre dès le premier quart du film), bien mis en scène dans un assez beau final, aurait pu être intéressant mais je ne pense pas qu'il passerait l'épreuve d'un deuxième visionnage, que je ne m'infligerai pas, de toute façon.