Une très bonne surprise. Et pourtant ça ne démarrait pas très fort avec ce flashback en noir en blanc pas très joliment travaillé sur la forme (comme si on avait appuyé simplement sur le bouton de la caméra sans retravailler les contrastes), une introduction qui compense par la qualité de son fond en mettant en scène un enchaînement de circonstances malheureux avec deux gangs qui se mettent sur la gueule en finissant par plusieurs pertes chacun de leur côté. Mais ce film a soudainement remonté dans mon estime avec l'entrée en scène de ce tueur débutant venant de la compagne, engagé soit-disant pour mettre un terme à cette série meurtrière, tant il était présenté à la base comme un simple sidekick sur lequel personne n'aurait misé un kopeck, alors qu'il se révèle beaucoup plus malin et profond que prévu. Et avec la prostituée qui l'accompagne bon gré mal gré, ils constituent tous deux un drôle de duo, des laissés-pour-compte encerclés par un milieu, de manière mi-tragique, mi-comique, gangrené par la corruption et l'appel du pognon qui rappellent furieusement les protagonistes du Bras armé de la loi.


Mais plus qu'un petit retour rafraîchissant aux sources mêlant ingénieusement une touche sociale à sa ligne directrice, ce polar déjoue malicieusement nos attentes, tout d'abord par son refus absolu d'esthétiser la violence (dont l'intérêt est redoublé par des ressorts narratifs souvent crédibles), puis par la nouveauté du cadre d'ailleurs très bien mis en valeur dans ses mouvements de foule (réputé comme l'un des milieux les plus peuplés du monde) et ses petits coins peu ragoûtants, qui trouvent sens dans les réactions des personnages (tous dotés d'une interprétation et d'une écriture de qualité) qui sont ramenés ainsi à une dimension très humaine (bien qu'un bref passage autour du tueur nous donne l'impression du contraire), souvent débordés par la situation qu'ils essaient de résoudre. Et sans jamais banaliser leurs actions et leurs conséquences, ce film a l'intelligence de ne jamais leur porter de jugement. Pour revenir à notre duo, ça les rend d'autant plus touchants, et la manière apparemment décalée dont le tueur agit, comme s'il était dans une dimension parallèle (notamment son curieux rapport à l'argent), prend aussi tout son sens vu la petite réflexion sous-jacente sur ses origines qui prendra une allure tragique impliquant un grand nombre de personnages.


Ainsi, en accord avec le parti-pris réaliste adopté, la fin fait bien mal, dotée d'une violence extrêmement crue et d'un dénouement qui prend à la gorge que ne renierait pas Ringo Lam par son nihilisme ambiant (ça demeure quand même un poil plus optimiste), où le sens de la justice devient un pur non-sens, comme l'atteste cette course-poursuite accumulant fausses pistes, coïncidences, et coups fourrés (ça rappelle cette fois-ci PTU avec lequel il partage aussi son unité de lieu et de temps, créant au passage un bon sentiment d'urgence, surtout que c'est Noël et que tout le monde veut rapidement finir le job), tant dans son déroulement que dans son aboutissement qui se résume à un bon gros coup de bol côté flics (sacrée descente à l'hôtel, d'ailleurs habitée par une belle tension autour de l'ouverture de la porte), du moins pour certains d'entre-eux. Bref, malgré un début en demie teinte (l'inutilité et la pauvreté du noir et blanc utilisé) et peut-être une réalisation en dessous du reste, voici probablement l'un des meilleurs polars HK de ces quinze dernières années, rien que ça.

Arnaud_Mercadie
8
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le 20 mai 2017

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Dun

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