Par une chaude nuit de l'été 1955,quatre icônes de la culture américaine se rencontrent à New-York.Il y a là Marilyn Monroe qui tourne la fameuse scène de la bouche d'aération de "Sept ans de réflexion",son mari le champion de base-ball Joe Di Maggio,dont elle est sur le point de se séparer,Albert Einstein,en transit entre deux conférences,et le sénateur Mc Carthy,qui veut contraindre le scientifique à témoigner devant la commission des activités anti-américaines.Nicholas Roeg est un cinéaste très singulier,on lui doit notamment le cultissime "Ne vous retournez pas",et ce film est peu connu.Il était donc excitant de le découvrir,mais la déception est de taille.On assiste en fait à une représentation de mauvais théâtre filmé,les trois quarts du film se déroulant dans une chambre d'hôtel,dans laquelle des célébrités caricaturées à l'extrême débitent un flot de dialogues vides et prétentieux enrobés d'une musique insupportable.Donc,Einstein est un génie original,Marilyn une actrice débile,Di Maggio un sportif pas finaud,Mc Carthy un salopard fascistoïde.On en apprend des trucs!Pour faire bonne mesure,des flashbacks illustrent les traumas supposés avoir forgé la psyché torturée des personnages.Einstein digère mal le largage sur le Japon des bombes atomiques qu'il a contribué à créer,Marilyn est marquée par une enfance difficile qui l'a vue fréquenter des pensionnats,ainsi que par son incapacité à procréer,Di Maggio est conditionné par sa jeunesse de pauvre élevé à la dure,Mc Carthy est formaté par une éducation religieuse rigoriste.Le scénario prétend brasser de grands thèmes tels que les dangers du nucléaire,les dérives des politiques totalitaires ou les aléas de la célébrité,mais le film est si mal foutu qu'il n'aboutit qu'à un magma informe dont rien ne ressort vraiment.En réalité,le vrai thème serait plutôt l'incommunicabilité entre les êtres,car on s'aperçoit que les dialogues ne sont que des monologues,chaque protagoniste parlant longuement,à tour de rôle,sans trop se soucier de ce que disent ou pensent les autres.Chacun reste enfermé dans ses obsessions et les ressasse en boucle.Einstein est continuellement perdu dans ses calculs,Monroe se débat au milieu des névroses engendrées par son incapacité à concilier vie professionnelle et privée,Di Maggio est au fond plus préoccupé par sa carrière sportive que par sa femme,Mc Carthy ne pense qu'à accomplir la mission dont il se croit investi et qui serait de sauver son pays du péril communiste.Les acteurs,Michael Emil,Theresa Russell,Gary Busey et Tony Curtis sont foncièrement bons mais échouent à faire exister les pantins inconsistants que sont leurs personnages.En somme,le titre original,"Insignificance",est parfaitement adéquat.