Ce qu’elle veut, c’est une petite coupe. Et, croyez-moi, elle l’aura.
Elle, c’est la duchesse Sophie (Josephine Thiessen). Dans un coin du jardin, elle discute avec Rubenstein (Konrad Singer). Le premier plan nous a montré un beau château. L’époque n’est pas précisée, mais les décors et costumes (robe pour elle, perruque pour lui), en disent suffisamment long. Visiblement, la duchesse cherche à faire chanter le grand argentier de son mari, le duc Wilhelm (Louis Hofmann). Elle profite habilement de sa situation dominante pour mener la conversation. Ainsi, quand son mari les rejoint, elle fait en sorte que la conversation aborde le point qui lui tient à cœur, malgré la volonté de discrétion de son mari (il est question de leur intimité conjugale). Bien évidemment, elle n’a pas choisi Rubenstein par hasard, ce qui va lui permettre de produire (faire produire), l’argument décisif pour parvenir à ses fins !
Avec des moyens relativement limités (une vue sur un château, un coin de jardin avec des sièges, trois acteurs, une cage suspendue pour l’aspect symbolique du petit oiseau prisonnier, les costumes adéquats et une bande-son adaptée), la réalisatrice Marleen Valien montre en 8 minutes 30 secondes une situation qui titillera les amateurs-amatrices de reconstitutions historiques aussi bien que les féministes d’aujourd’hui et même les gastronomes malicieux. Intelligemment, elle joue de clichés religieux pour ironiser sur des pratiques et croyances, ainsi que sur la méconnaissance concernant l’anatomie fonctionnelle. Elle amuse en montrant une femme manœuvrer pour obtenir ce qu’elle veut, tout en maintenant le suspense. Elle amuse également avec les sous-entendus de la conversation.