Une place au soleil de George Stevens est un mélodrame des années 1950 réunissant les deux têtes d'affiche Montgomery Clift et Elizabeth Taylor. C'est donc un drame, mais c'est aussi en quelque sorte un film noir. On a la femme fatale (Elizabeth Taylor), la femme trompée (Shelly Winters) et l’attente d’un acte redouté sur le point d’être commis.
George Eastman (Montgomery Clift) se tend involontairement un piège lorsqu’il accepte un emploi de premier échelon dans l’usine de son riche oncle, qui interdit aux employés masculins de sortir avec des employées. Mais voilà, il ne peut tout simplement pas résister à l’une des filles de son département et du même rang social que lui, Alice Tripp (merveilleusement jouée par Shelley Winters). George obtient finalement une promotion et est invité à l’échelon supérieur (au même rang social de son oncle), où il rencontre la riche et belle Angela Vickers (une Elizabeth Taylor à couper le souffle). Naturellement, il tombe amoureux d’Angela. Mais une complication avec Alice le laisse incapable de rompre sa relation avec elle.
Une chose est sûre, que vous l'abordiez en tant que mélodrame ou en tant que film noir, la production du film (mise en scène, costumes, jeu des acteurs et photographie) est irréprochable. Pas étonnant qu’il soit bien mis en scène, puisque c'est George Stevens le réalisateur. Son CV parle bien sûr de lui-même. Et puis vous avez les somptueux costumes d’Edith Head et cette superbe cinématographie en noir et blanc, avec ces fantastiques dissolutions de plans qui se chevauchent et qui font intelligemment avancer l’intrigue.
Montgomery Clift et Elizabeth Taylor sont bien évidemment les deux grandes stars du film, mais c'est Shelly Winters qui leur vole (presque) la vedette. Ce n'est pas la plus attirante des actrices de cette époque, elle n'est pas spécialement belle, mais son jeu est très subtil. On comprend très vite pourquoi elle est envahie d'un sentiment d’insécurité, d'autant plus qu'elle est en concurrence avec Elizabeth Taylor. Liz était alors à son apogée, avec un visage absolument magnifique.
Une place au soleil, c'est surtout une étude de caractères, la riche famille des Vickers à laquelle appartient Angela (Elizabeth Taylor) et le monde des ouvriers avec George Eastman (Montgomery Clift) et Alice Tripp (Shelly Winters). George se comporte comme la plupart d’entre nous, il est la cause de ses propres problèmes et les choses se détériorent très rapidement pour lui. L’histoire est un autre exemple de ce qui peut arriver quand on essaie de dissimuler la vérité ... tôt ou tard il revient vous hanter !
J’ai vraiment trouvé ça très rafraîchissant, de voir l’attitude de Clift à la fin. C’est exactement le contraire de ce à quoi vous vous attendiez. En fait, il assume tout simplement la responsabilité de ses actes.
L’intrigue joue clairement sur les différences de classe sociale, avec les riches hautains qui regardent de haut les ouvriers ordinaires. Le ton du film varie beaucoup tout le long du métrage, du film romantique, au drame, au suspense. Lorsque George et Alice se retrouvent sur le lac Loon, l’atmosphère devient carrément pesante et lourde, digne des meilleurs film d'Alfred Hitchcock.
Une place au soleil a été nominé pour neuf Oscars et en remporta six, dont celui du meilleur réalisateur pour George Steven ... un Oscar amplement mérité.