Dans ta gueule...
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le 5 juin 2018
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En dépit de certaines longueurs et redondances dans la réalisation (surtout dans la seconde moitié du film qui rebondit un peu trop dans le schéma obstacle/dénouement), Une Prière avant l’aube est un film prenant, que les amateurs du genre aimeront.
A la fois immersif par les plans séquences successifs, tout en gardant une distance avec le personnage principal (la caméra ne regardant jamais de ses yeux à lui), nous voilà relégués à notre statut de spectateur dans un environnement qui ne nous est pas familier. Et pour cause, une violence d’autant plus forte qu’elle est proche de la réalité, le réalisateur ayant casté les personnages secondaires parmi les réseaux d’anciens détenus en Thaïlande.
Mais le plus intéressant c’est qu’on ne nous donne pas toutes les clefs de lecture. On ne sait jamais ce qui a amené Billy Moore (Joe Cole) jusqu’en Thaïlande, on ne sait jamais quels ont été les problèmes dans sa vie pour avoir une telle colère en lui, une telle volonté pour se battre. Nous ne connaissons que l’intimité carcérale, mais pas son histoire personnelle. Même la scène de la lettre, nous laisse désoeuvré dans notre quête de connaissance du personnage.
Ainsi, sans en connaître les tenants et les aboutissants, et n’ayant pas lu l’oeuvre originale, le film m’apparait comme une plongée dans une anecdote personnelle, un instant de vie, le moment où on touche le fond, et où on essaie de rebondir, tout en échouant à quelques reprises. Mais aussi l’histoire d’une lutte contre l’addiction, l’addiction étant elle-même -paradoxalement- une lutte contre le mal dans notre vie, la recherche de soi et d’un meilleur lendemain.
(On notera également la belle symbolique du tatouage dans cette question de l'identité, qui plane tout le long du film au gré des corps.)
Le film est donc à la fois court et long. Court en terme d’histoire puisque nous ne connaissons que cet épisode précis de la vie de Billy Moore (bien que la période post-Thaïlande est brièvement évoquée en fermeture du film), et long puisqu’on est intégré à la lenteur de ces journées qui se ressemblent, enfermés entre 4 petits murs, collés les uns aux autres. Les longueurs dont je parlais au début sont pour la plupart dues à la volonté du réalisateur de donner une impression de temps réel au spectateur. Une impression plutôt réussie mais qui dérangera les réticents de films lents et immersif comme celui-ci.
J’ai hésité, à un moment où je baillais un peu, d’aller jusqu’à la note de 7/10, et la présence du réalisateur a, je pense, aidé à relever mon opinion globale, puisque ce long-métrage constitue tout de même, à mes yeux, une oeuvre dont la réalisation mérite d'être vue au moins une fois dans sa vie.
Créée
le 5 juin 2018
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