Une pure affaire commence comme un film américain. Le monologue vaguement existentiel de David, desperate père de famille, accompagne en off la caméra dans les suburbs (on doit en fait être à Créteil ou quelque chose comme ça) jusqu'au lit du personnage susmentionné (joué par l'excellent François Damiens) qui se réveille et se prépare pour une journée de turbin.
En fait de turbin, David travaille dans un grand cabinet d'avocat à la Défense. François Damiens en avocat, on n'y croit jamais vraiment... mais ce n'est pas un problème car l'inadéquation entre les personnages et leurs occupations constitue le principal ressort comique du film. En fait, tout « va mal » : la doudoune est trop grande et la voiture trop petite, c'est globalement la vie qui est mal ajustée.
Dont acte, la vie doit changer. Comme un cadeau tombé du ciel, quelques kilos de coke vont tout bouleverser, permettre à la famille Pelame de sortir de sa torpeur et à l'histoire de démarrer.
Quelque part entre Family Business et Braqueurs amateurs, on navigue en terrain connu (sans compter les séries Breaking Bad et Weeds). Une famille normale (ou presque) met le doigt dans de sales affaires et les ennuis commencent.
Décalage : comédie.
Reste à savoir comment la situation va être traitée. Entre la noirceur de ma première référence et la frénésie de la seconde, Une pure affaire ne choisit jamais vraiment. C'est d'abord tant mieux, le film gagnant ainsi en subtilité, mais en définitive dommage : la fin étant franchement ratée.
Quoi qu'il en soit, la richesse de ce sympathique premier film est ailleurs. On note d'abord la qualité de la mise en scène, de belles idées de plans et une photo soignée. Belle réussite aussi dans l'exercice qui consiste à filmer le quartier de la Défense et ses bureaux absurdes. On est ici dans la lignée d'autres films comme Du jour au lendemain, Notre univers impitoyable ou (encore mieux) La Personne aux deux personnes et c'est très bien. Le dernier bon point va évidemment aux acteurs, tous parfaits à part Nicolas Marié et Laurent Lafitte toujours un peu dans le sur-jeu, et la révélation de Pascale Arbillot bien meilleure que dans Les Petits mouchoirs. Damiens est tellement bon qu'il n'est presque pas nécessaire d'en parler : ni aussi grotesque que François l'embrouille, ni aussi austère que dans son rôle de La Famille Wolberg, il est juste et dans le ton.
Au final, si Une pure affaire a des faux airs de film américain, c'est paradoxalement parce qu'il accomplit l'utopie bien française d'être un « film du milieu ».