Enterrement du cinéma français
Après le vaguement drôle / vaguement weird Mon Idole, Guillaume Canet avait fait la démonstration d'un vrai sens de la mise en scène dans Ne le dis à personne. Malgré un François Cluzet comme toujours un peu lourdingue il ouvrait son cinéma au thriller. Avec de l'action et des poursuites à la française ambiance Bébel des 70's il avait fait le ménage dans un genre sclérosé par les productions Besson.
Les petits mouchoirs, opère un virement de bord complet pour la tragi-comédie de vacances de chez papa avec comme ligne de mire Mes meilleurs copains, temple filmique du « très beauf mais sympathique ».
On l'a compris, Canet aussi a sa bande. Il passe ses vacances au Cap Féret depuis 10 ans avec Gilles Lellouche, il connait Cotillard depuis 15 ans, était au CE2 avec Dujardin. C'est beau comme ils sont potes, c'est beau comme ils sont connus !
Seulement voilà, ce qui fonctionnait plutôt pas mal chez Jean-Marie Poiré ne marche ici jamais. Loin d'innover, Canet aborde le film de potes en pompier et si le talent diffus des acteurs au casting parvient parfois à faire sourire, l'ensemble est d'une lourdeur affligeante. Les petits mouchoirs c'est Plus belle la vie dans le 33 et c'est très, très, très long.
Passons vite sur le petit commerce des émotions, qui ne fait que rendre le film plus dégueulasse et pour ça, rien de mieux qu'une petite mise en situation : « Quoi ? T'as pas pleuré ? T'AS PAS PLEURÉ ?! Non mais en plus c'est inspiré de trucs qui lui sont vraiment arrivés... Putain t'as pas de coeur. ».
Mais le plus gros défaut des Petits mouchoirs est d'être au fond pas si mauvais. Porté par ce qu'on peut considérer globalement comme de bons acteurs et des dialogues correctement écrits, le film étale au rouleau son accablante médiocrité. Oui, Les petits mouchoirs c'est Plus belle la vie, ce serait même un épisode qu'on trouverait étonnamment bon en redif à 4h du matin. Sur le grand écran de la salle de cinéma, le vide sidérant laissé par la vision de ce film pré-mâché donne un peu le vertige.
On quitte alors la salle avec le sentiment pénible d'avoir été pris pour un con pendant 2h30. Complaisant et sordide, ce film qui tente de nous gaver d'émotion à l'entonnoir nous donne au final l'impression d'assister à l'enterrement du cinéma français...