Essayons de ne pas enfoncer ce film, mais plutôt de le sublimer par l'originalité du scénario qui permet à notre imaginaire de s'interroger sur la notion de la rencontre, soit le « fait de se trouver fortuitement en présence de quelqu’un ». Cette problématique déroute, questionne et remet en perspective tout notre champ d’action. Car se trouver à un moment t dans un endroit a conditionne le moment t+1 dans un endroit b.
Pierre (François Cluzet) et Elsa (Sophie Marceau) se rencontrent, dès l’ouverture du film, lors d’une soirée chez un ami qu’ils ont en commun. Celui-ci les présente rapidement et le coup de foudre est immédiat, comme conséquence d’une entente pure et parfaite entre ces deux êtres. Pourtant, Pierre est marié depuis quinze ans et Elsa est une célibataire endurcie qui a déjà connu l’amour avec le père des ses trois enfants. A priori, rien de les destine à se mettre ensemble. Or certaines rencontres dans la vie bouleversent tout nos plans d’avenir, comme pour ces deux personnes quinquagénaires dont les déboires restent figés dans le passé.
Ainsi, selon la mécanique quantique - les électrons libres peuvent se trouver à différents endroits en même temps -, tout le film se joue sur l’étendue des configurations possibles au-delà de cette rencontre, comme nous attestent les incessantes pérégrinations imaginaires durant ces 1h21 de visionnage. La fin, plus qu’en elle-même, est remarquable par l’idée qu’elle relève : celle de la non-rencontre entre Pierre et Elsa. Comme une boucle temporelle, la rencontre du début n’a été et ne sera à la vue du retour logique à leur vie respective à la fin de la soirée après s’être hasardeusement loupés. Nous ne sommes que les passagers d’une histoire à l’issue et au commencement infinis.
Pour cela, même si j’admets que certaines scènes aurait pu être modifiées ou renforcées, force est de constater que le thème de la rencontre amoureuse n’est abordé au cinéma d’une seule manière : par sa réalisation. Mais pour une fois, Liza Azuelos ouvre notre vision en abordant un thème souvent omis avec celui de la non-rencontre et tout simplement de ses non-conséquences. Vide, néant, et absence d’un être qui aurait pourtant pu nous permettre de mieux appréhender notre vie.
Pour finir, reprenons la formule « Je nous préfère l’éternité » marquant pour toujours la fin de ce film simple, intense et réfléchi.